Alors que nous préparons notre envol au Festival de Toronto, le Ciné Utopia vous propose – dès mercredi – une véritable pluie d’étoiles – que dis-je – une véritable voie lactée. À commencer par une pépite tout à fait inattendue en provenance de l’Italie, l’étincelant CHIARA **** de Susanna Nicchiarelli, film dont la simplicité narrative et la beauté plastique nous rappellent Pasolini et Rossellini. Deuxième joyau, ROTER HIMMEL ****, réalisé par l’excellent Christian Petzold, film qui a été primé au dernier Festival de Berlin. Finalement, la reprise, dans le cadre du 100ième anniversaire de la Warner Bros, et en quatre séances uniquement, d’un des films les plus connus et les plus controversés de l’histoire du cinéma, le monstreux A CLOCKWORK ORANGE *****, réalisé par Stanley Kubrick, dans une copie numérique restaurée par Warner Archive pour l’occasion. À côté de ces trois merveilles, ni le film français VISIONS, ni l’allemand ENKEL FÜR FORTGESCHRITTENE risquent de marquer le public.

Jean-Pierre THILGES

NB: Si vous voulez suivre nos découvertes au Toronto Intl. Film Festival, ne manquez pas de consulter régulièrement les HATARI PAPERS sur Facebook, dès jeudi.

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CHIARA…à ne rater sous aucun prétexte

SEMAINE DU 6 AU 12 SEPTEMBRE 2023

CHIARA ****

Biographie religieuse et lumineuse; Réalisatrice, scénariste: Susanna Nicchiarelli; avec Margharita Mazzucco, Luigi Lo Cascio, Paolo Briguglia; Directrice/Photo: Crystel Fournier; Italie 2022, 106 minutes.

Claire d’Assise est la jeune fille de la noblesse qui a imité François d’Assise et qui a fait voeu de pauvreté. Née en 1194 dans la noble et riche famille des Offreducci, Claire a à peine 12 ans quand François d’Assise fait le geste de se dépouiller de tous ses vêtements. Conquise par l’exemple de François, sept ans plus tard, le soir du dimanche des Rameaux de 1211 ou 1212, la jeune Claire s’enfuit de chez elle pour le rejoindre à la Portioncule. Le saint lui coupe les cheveux et lui remet la bure franciscaine, pour ensuite l’amener au couvent des nonnes bénédictines de San Paolo, près de Bastia Umbra. Son père tente en vain de la persuader de revenir…

Je sais, je sais, CHIARA est un film religieux et les films religieux sont (souvent) considérés comme nunuches ou gnangnans ou je ne sais pas quoi. Mais j’ai été renversé par cette toile, carrément bouleversé par sa beauté, sa luminosité, sa simplicité. Je peux vous garantir que je suis athée à 110 pourcent, et pourtant je suis tombé sous le charme de Chiara au bout de trois minutes. Mais attention – n’attendez vous surtout pas à une oeuvre “religieuse” genre Cecil B. de Mille, George Stevens ou Franco Zeffirelli. Ici, ce sont deux films classiques de Roberto Rosselini (Francesco, giullare di Dio, 1950) et de Pier Paolo Pasolini (Il vangelo secondo Matteo, 1964) que le film – par ailleurs profondément féministe – de Susanna Nicchiarelli évoque, mais avec une modernité, une fraîcheur et une joie de filmer rarement vues dans le cinéma italien actuel. N’attendez-vous pas à de quelconques artifices ou numéros d’acteurs, mais laissez vous porter par la lumière incandescente que reflète le visage de l’actrice principale Margharita Mazzucco. Dieu du ciel, quel film ! Quatre étoiles. (Jean-Pierre Thilges)

ROTER HIMMEL/AFIRE ****

Dramatische Komödie; Regie, Drehbuch: Christian Petzold; mit Thomas Schubert, Paula Beer, Langston Uibel; Kamera: Hans Fromm; Deutschland 2023, 103 Minuten; Grosser Preis der Jury, Berlinale 2023.

Eigentlich wollten Leon und Felix den Sommer im Ferienhaus an der Ostsee zu zweit verbringen. Als Freunde und vor allem arbeitend; der eine an seinem zweiten Buch, der andere künstlerisch kreativ. Aber Nadja und Devid sind auch da und bringen jede Menge positive Vibes mit. Vier junge Menschen also beim Sich-Lieben, auch wenn das besonders Leon nicht ganz leicht fällt. Sein unvollendetes Manuskript verfolgt ihn auf Schritt und Tritt, in die Gartenlaube und an den Strand. Die gute Stimmung der anderen lässt seine eigene meist noch schlechter werden. Der Besuch des Verlegers naht. Als der im schneidigen Kleinwagen um die Ecke biegt, beginnt der Wald zu lodern. Es regnet Asche, der Himmel färbt sich rot und das Beziehungsdrama, das körperliche Intensität und künstlerische Sublimierung vereint, nimmt eine Wende in eine neue Dimension.

Christian Petzolds zweiter Teil einer Trilogie, die er 2020 mit “Undine” begann, handelt vom Nicht-schlafen-Können und Liebenwollen, vom Schreiben und Gelesenwerden, vom In-der-Welt-Sein und möglicherweise doch An-ihr-vorbei-Leben. Ein Film im Schwebezustand zwischen Symbolik und Realistik, komisch und zutiefst tragisch. (Quelle: 73. Internationale Filmfestspiele Berlin – Katalog)

Woher Christian Petzold die Idee zu dieser Geschichte hat, muss man nicht fragen: Sie lag in der Luft. Die Frage ist vielmehr, wie es Petzold gelingt, die Katastrophe, die „Roter Himmel“ schon im Titel trägt, so beiläufig in die Geschichte einzuflechten, dass man sie erst bemerkt, als sie die Figuren fast schon eingeholt hat. In einem amerikanischen Film wäre das Feuer ja gleich am Anfang, im Vorspann, zu sehen gewesen, und in einem französischen hätte es den Helden und die Heldin am Ende zusammengebracht, als Katalysator der Liebe. (Andreas Kilb/faz.net)

Ciné Utopia, les 10, 12, 24 et 26 septembre

A CLOCKWORK ORANGE *****

Drame futuriste ultra-violent; Réalisateur, scénariste: Stanley Kubrick, d’après le roman de Anthony Burgess; avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates; Directeur/ Photo: John Alcott; USA/GB 1971, 136 minutes.

Au XXIème siècle, où règnent la violence et le sexe, Alex, jeune chef de bande, exerce avec sadisme une terreur aveugle. Après son emprisonnement, des psychanalystes l’emploient comme cobaye dans des expériences destinées à juguler la criminalité…

Tout a été dit, tout a été écrit, tout a été discuté en long et en large sur un des films les plus controversés de l’histoire du cinéma. Considéré comme une oeuvre de science-fiction lors de sa sortie en 1971, le film a entretemps été rattrapé par la violence urbaine qui régne un peu partour dans le monde. En Angleterre, le film avait d’ailleurs engendré des violences dès sa sortie, et les réactions hostiles dans certains organes de presse et auprès d’une partie du public avaient d’ailleurs incité Stanley Kubrick à retirer A CLOCKWORK ORANGE de la circulation, et ceci pendant de longues années. Même aujourd’hui, 52 ans après sa sortie, le film n’a rien perdu de sa viscéralité et ne devrait pas mettre dans toutes les mains. Cinq étoiles. (jpt)

VISIONS

Thriller; Réalisé par Yann Gozlan; avec Diane Kruger, Mathieu Kassowitz, Mario Nieto, Amira Casar; Scénaristes: Yann Gozlan, Michel Fessler, e.a.; Directeur/Photo: Antoine Sanier; France 2023, 123 minutes.

Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…

Yann Gozlan voulait explorer les thèmes du contrôle et du dérèglement, une dualité qui le fascine. “Je suis convaincu qu’on reste malgré tout, sous la surface, des êtres animés de pulsions. On a beau vouloir raisonner et se présenter comme des personnes civilisées, notre part animale est toujours là, prête à faire éclater les digues qu’on s’est construites pour contenir nos instincts…” En parallèle, il évoquait souvent avec Michel Fessler, l’un des co-scénaristes, les rêves prémonitoires. C’est ce dernier qui lui a proposé, peu de temps avant le tournage d’Un homme idéal, l’histoire d’une femme hantée par un rêve, celui d’une maison, qui finissait par faire irruption dans le réel. Le réalisateur conclut : “J’ai décidé alors de fusionner mon envie de départ sur le thème du contrôle avec ce début de récit qui m’intriguait autour des prémonitions”. (Extrait du dossier de presse)

ENKEL FÜR FORTGESCHRITTENE

Komödie; Regie: Wolfgang Groos: mit Maren Kroymann, Heiner Lauterbach, Barbara Sukowa; Drehbuch: Robert Löhr; Kamera: Ahmet Tan; Musik: Helmut Zerlett; Deutschland 2023, 110 minuten.

Nach einem Jahr als Granny Au Pair in Neuseeland kehrt Karin glücklich nach Hause zurück und trifft dort auch ihre Freunde Philippa und Gerhard wieder. Doch schon bald muss sie feststellen, dass ihr Mann Harald offenbar von der Nachbarin Sigi umworben wird, die nicht nur regelmäßig für ihn kocht, sondern nun auch im Besitz eines Schlüssels zu Gerhards und Karins Haus ist. Philippas schwangere Tochter kämpft derweil mit Problemen in ihrem Schülerladen, der mangels Mutterschaftsvertretung zu schließen droht. Doch Hilfe naht in Form von Karin und Philippa, die beschließen einzuspringen. Gleichzeitig entbrennt ein Kleinkrieg zwischen Gerhard und dem Zeitungsausträger Aydin, der zu eskalieren droht…