C’è ancora domani

SEMAINE DU 18 AU 24 MARS 2024

Une grande semaine de cinéma s’annonce, avec trois coproductions luxembourgeoises – TERRESTRIAL VERSES ****, doublement primé au LuxFilmFest, BLACK TEA *** et YOUTH (SPRING) , ainsi qu’une superbe comédie dramatique italienne C’È ANCORA DOMANI *** qui a été vue par plus de 5 millions de spectateurs dans son pays d’origine. Pour le reste, retour des SOS Fantômes dans GHOSTBUSTERS FROZEN EMPIRE, arrivée d’un film d’épouvante paraît-il sulfureux avec IMMACULATE et cinéma français de qualité avec CAPTIVES, tandis que le British Irish Film Festival continue au Ciné Utopia.  Heureusement que le beau temps printanier se fait attendre.

Jean-Pierre THILGES

006

Films made in/with Luxembourg (CyneFilms)

Grand Prix et Prix Fipresci LuxFilmFest 2024

TERRESTRIAL VERSES/AYEH HAYE ZAMINI ****

Titre français: Chroniques de Téhéran; Réalisateurs, scénaristes: Ali Asgari, Alireza Khatami; avec Bahman Ark, Arghavan Shabani, Servin Zabetyan; Directeur/Photo: Adib Sobhani; Iran/Luxembourg 2023, 77 minutes; Festival de Cannes 2023, LuxFilmFest 2024. 

005

Un homme déclare la naissance de son fils. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention. Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche. Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. Un homme au chômage répond à une annonce. Un réalisateur demande une autorisation de tournage. Une femme cherche à retrouver son chien. Neuf visages de la vie quotidienne à Téhéran….

001

      • Dernier film de la compétiton officielle à être présenté au jury international et au jury Fipresci du LuxFilmFest 2924,  TERRESTRIAL VERSES a enfin amené une bouffée d’air frais dans une sélection officielle déprimante, sclérosée, assommante et élitiste voire prétentieuse, qui nous a amené à nous poser la question si c’était vraiment ce qu’il y avait de mieux à trouver dans les plus de 850 films dont le comité de sélection se vante d’avoir visionné pour préparer le festival. Voilà, c’est dit ! Il n’est donc guère surprenant que CHRONIQUES DE TEHERAN, qui s’attaque à une réalité iranienne terrifiante avec un humour subtil et néanmoins grotesque, ait réussi à envoûter à la fois le jury international que le jury Fipresci, ce qui n’est jamais arrivé  dans les annales du festival luxembourgeois, qui s’est terminé il y a une semaine. Quatre étoiles amplement méritées. (jpt) 
      • PS: Nous reviendrons plus longuement sur le film dans un deuxième article qui sera publié à part.

002

  •  Le constat sociétal et politique est d’autant plus implacable qu’une force très référencée se dégage de l’ensemble, hommage explicite à l’insolence des mosaïques panahiennes. (Cahiers du Cinéma) Une mécanique implacable, finement écrite et admirablement interprétée. (Les Fiches du Cinéma) Ces Chroniques de Téhéran savent nous captiver par leur terrifiante simplicité. (Positif) Neuf histoires qui n’en font qu’une : un subterfuge qui permit à Alireza Khatami de déjouer la censure. Et autant d’instantanés, à la fois drôles et tragiques, qui défendent la liberté. (Télérama) 

003

bba4d58e-7357-4aba-8739-21b5dde9b951.jpg

C’È ANCORA DOMANI ***

Drame familial et politique; Réalisatrice: Paolo Cortellesi; avec Paolo Cortellesi, Valerio Mastandrea, Romano Maggiora Vergano; Scénaristes: Furio Andreotti, Giulia Calenda, Paola Cortellesi; Diecteur/Photo: Davide Leone; Musique: Lele Marchitelli; Italie 2023, 118 minutes; Festival de Rome 2023.

014

Mariée à Ivano, Delia, mère de trois enfants, vit à Rome dans la seconde moitié des années 40. La ville est alors partagée entre l’espoir né de la Libération et les difficultés matérielles engendrées par la guerre qui vient à peine de s’achever. Face à son mari autoritaire et violent, Delia ne trouve du réconfort qu’auprès de son amie Marisa avec qui elle partage des moments de légèreté et des confidences intimes. Leur routine morose prend fin au printemps, lorsque toute la famille en émoi s’apprête à célébrer les fiançailles imminentes de leur fille aînée, Marcella. Mais l’arrivée d’une lettre mystérieuse va tout bouleverser et pousser Delia à trouver le courage d’imaginer un avenir meilleur, et pas seulement pour elle-même…

003-1

  • Première surprise de taille: Le film est en noir et blanc, rare au cinéma ces jours-ci et plus rare encore au cinéma italien. Deuxième surprise: “C’è ancore domani” a fait plus de 5 millions d’entrées en Italie depuis sa sortie, et les gens courent  le voir une deuxième ou une troisième fois. Troisième surprise: C’est un film tranquillement féministe qui garde son secret jusqu’à la séquence finale, tout en rallumant la flamme du cinéma populaire qui manque si cruellement à l’Italie depuis beaucoup trop longtemps. Le mélange entre tragédie et comédie n’est jamais poussif, les acteurs – tous inconnus chez nous – sont formidables. Autant vousd ire que le public italien a eu raison de faire un trionphe au film et les critiques grincheux, qui vont sans doute sortir de leurs trous, n’ont qu’à aller se rhabiller.  Trois étoiles. (jpt) 

006-1

  • Une prouesse cinématographique inattendue, cruelle, drôle, sans concession, et incontournable pour plus d’une raison. (Bande à part) Avec ce film qui trouve le juste équilibre entre rire et larmes, Paola Cortellesi signe le retour de la grande comédie italienne, celle qui parle de la réalité. (Le Point) Le MacGuffin est assez lourd – Delia survivra-t-elle à une énième volée de coups si Ivano venait à lire la lettre ? – mais vient, in extremis, nouer l’alliance entre une aventure individuelle et celle collective du féminisme politique. (Cahiers du Cinéma) Si sombre soit-il, et parfois glaçant, le film contourne le drame par l’humour et l’usage d’artifices formels. Conduit avec vitalité, illuminé d’instants de folle gaieté, teinté d’une ironie quasi burlesque, Il reste encore demain se tient sur le fil d’une tragi-comédie qui a le mérite de laisser entendre, au milieu des vieilles voix du passé, l’espoir d’un avenir meilleur. (Le Monde) En invoquant le passé, la réalisatrice italienne signe ici un film poignant et actuel qui résonnera chez chaque femme, qu’importe sa génération. (Première) 

005-1

ems.cHJkLWVtcy1hc3NldHMvbW92aWVzL2FmMDYyZmI3LWQ4ZWItNGEzNC1hMmZjLThkZTExNzU5NTU2Mi5qcGc=

Films made in/with Luxembourg (Red Lion)

BLACK TEA/HONG CHA ***

Comédie dramatique etromantique; Réalisateur: Abderrahmane Sissako; avec Nina Melo, Han Chang, Wu Ke-Xi; Scénaristes: Abderrahmane Sissako, Kessen Tall; Directeur/Photo: Aymerick Pilarski; Musique: Armand Amar; France/Luxembourg 2024, 109 minutes; LuxFilmFes t2024.

005-2

Aya, une jeune femme ivoirienne d’une trentaine d’années, émigre en Chine, où elle travaille dans une boutique d’export de thé avec Cai, un Chinois de 45 ans. Aya et Cai tombent amoureux mais leur histoire survivra-t-elle aux tumultes de leurs passés et aux préjugés ?

002-1

  • Tourné notamment à Taiwan, cette belle coproduction luxembourgeoise (Red Lion) prouve une fois de plus la vitalité des “Films made in/with Luxembourg. puisque les producteurs de notre pays s’engagent de plus en plus dans des projets prestigieux en collaboration avec des cinéastes tout aussi prestigieux, comme le mauritanien Abderrahmane Sissako, qui nous emmène en Chine pour nous rapprocher de la communauté noire locale dont – nous l’avouons – nous ne connaissions pas l’existence. BLACK TEA est une histoire tranquille, élégiaque, envoûtante et mystériese, filmée avec doigté dans des couleurs chatoyantes. L’actrice  Nina Melo est d’une beauté spectaculaire et le film se déguste à petittes gorgées…comme le thé noir du titre. Trois étoiles (jpt)
  • Merci à Gaumont et à Red Lion d’avoir mis un screener à notre disposition. Cela arrive beaucoup trop rarement, nous tenons donc à le souligner.  

004

  • Après « Timbuktu », le cinéaste mauritanien signe un film magnifiquement mélancolique, porté par une mise en scène envoûtante. (L’Obs) La force du cinéma d’Abderrahmane Sissako est, comme toujours, d’opposer la douceur et la subtilité des liens humains, la beauté chaleureuse et picturale des images à la laideur du monde. (Télérama/Pour) Alors qu’on brûle d’en savoir plus sur cette communauté d’immigrés et ses relations avec la population locale, le cinéaste s’enlise dans les histoires de famille du patron-sexy-mais-taiseux et attend la toute fin de sa luxueuse carte postale pour corser les enjeux. Dommage.  (Télérama/Contre) 

017

GHOSTBUSTERS FROZEN EMPIRE

Comédie fantastique; Réalisateur: Gil Keenan; avec McKenna Grance, Annie Potts, Paul Rudd, Bill murray, Ernie hudson, Dan Aykroyd; Scénaristes: Gil Keenan, Jason Reitman, basé sur le film “Ghosbusters” de 1984; Directeur/Photo: Eric Steelberg; Musique: Dario Marianelli; USA 2024, 115 minutes.

011

La famille Spengler revient là où tout a commencé, l’emblématique caserne de pompiers de New York. Ils vont alors devoir faire équipe avec les membres originels de S.O.S. Fantômes, qui ont mis en place un laboratoire de recherche top secret pour faire passer la chasse aux fantômes à la vitesse supérieure. Lorsque la découverte d’un ancien artefact libère une armée de fantômes qui répand une menace de glace sur la ville, les deux équipes doivent unir leurs forces pour protéger leur maison et sauver le monde d’une seconde ère glaciaire…

014-1

Le film n ‘étant pas encore sorti et les journalistes étant normalement sous embargo, il n’y a pas encore de critiques disponibles. Une chose est sûre: Il y aura des fantômes, une ambulance et beaucoup de glace…(jpt) 

003-3

affiche-captives

CAPTIVES

Drame historique; Réalisateur: Arnaud des Pallières; avec Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Marino Foïs, Carole Bouquet, Yolande Moreau; Scénaristes: Arnaud des Pallières, Christelle Berthevas; Directeur/Photo: David Chizallet; Musique: Martin Wheeler; France 2024, 110 minutes.

captives1

Paris, 1894. Qui est Fanni qui prétend s’être laissée enfermer volontairement à l’Hôpital de la Salpêtrière ? Cherchant sa mère parmi la multitude des femmes convaincues de « folie », Fanni découvre une réalité de l’asile toute autre que ce qu’elle imaginait, ainsi que l’amitié inattendue de compagnes d’infortune. Le dernier grand bal de la Salpêtrière se prépare. Politiques, artistes, mondains s’y presseront. Dernier espoir d’échapper au piège qui se referme…

9d4aaef_1705748626972-captives-stills-231009-1-1-1

  • Dans cet étouffant drame en costumes, la mise en scène de l’auteur de « Michael Kohlhaas », entre plans serrés et lyrisme tourmenté, épouse avec virtuosité la quête essoufflée et désespérée de son héroïne. Et sert le jeu d’immenses comédiennes, parmi lesquelles Mélanie Thierry, Josiane Balasko et Dominique Frot. (L’Obs) Porté par sa mise en scène alerte et sa troupe d’interprètes, Arnaud des Pallières signe un film éprouvant et de bout en bout politique. (Les Fiches du Cinéma) L’extraordinaire du film d’Arnaud des Pallières […] tient en grande partie à l’engagement des comédiennes qui développent chacune un univers, rendent vivante une obsession, existent pleinement même lorsqu’elles ne sont pas à l’écran. (Libération) 

IMMACULATE-posterspy

IMMACULATE

Film d’épouvante; Réalisateur: Michael Mohan; avec Sydney Sweeney, Alvaro Morte, Simona Tabasco; Scénariste: Andrew Lobel;  Directeur/Photo: Elisha Christian; Musique: Will Bates; USA 2024, 89 minutes.

Immaculate-Syndey-Sweeney-012524-ec425c41fe8d424d8d2bd527100b60fc

Cecilia, une femme de foi, est chaleureusement accueillie dans la campagne italienne, où on lui propose un nouveau rôle dans un illustre couvent. Mais Cecilia se rend compte que sa nouvelle maison recèle de sombres et horribles secrets…

noctu

  • Ever since resurrecting the erotic thriller with the respectably lurid 2021 drama “The Voyeurs,” it was clear Sydney Sweeney and director Michael Mohan were interested in second comings. So it was only a matter of time before they’d turn their attention to Christ himself in “Immaculate,” an enjoyable if uneven horror film cut from a slightly different cloth than its religious brethren with a captivating turn from its star as a virginal nun whose pregnancy inspires questions beyond the health of the child, and a hell of an ending. (Stephen Saito/Variety) 

Screenshot 2024-03-18 at 08.30.05

MV5BY2JjZWU0YzYtNWNiNi00MDkxLWE2MzctNDJiYzk3OWNjNzQyXkEyXkFqcGdeQXVyODA0MjgyNzM@._V1_

Films made in/with Luxembourg (Les Films Fauves)

YOUTH (SPRING)/QINGCHUN

Documentaire; Réalisateur, scénariste: Wang Bing; France/Luxembourg/Pays Bas 2023, 218 minutes; Sélection officielle Festival de Cannes 2023; LuxFilmFest 2024.  

Screenshot 2024-03-18 at 08.31.57

Zhili, à 150 km de Shanghai. Dans cette cité dédiée à la confection textile, les jeunes affluent de toutes les régions rurales traversées par le fleuve Yangtze. Ils ont 20 ans, partagent les dortoirs, mangent dans les coursives. Ils travaillent sans relâche pour pouvoir un jour élever un enfant, s’acheter une maison ou monter leur propre atelier. Entre eux, les amitiés et les liaisons amoureuses se nouent et se dénouent au gré des saisons, des faillites et des pressions familiales.

Screenshot 2024-03-18 at 08.32.37

  • Un film une fois de plus saisissant, obsédant, sur un pays aussi étrange qu’inquiétant, mais habité par des âmes qui dégagent une énergie étonnante. On attend avec impatience la suite de la trilogie. (Les Inrocks) Si Wang est devenu un cinéaste essentiel, c’est en maintenant une approche étrangère à l’emphase et à la bouffissure. Art termite, tel que le critique Manny Farber l’avait opposé à celui des éléphants blancs : n’érigeant ni cathédrale, ni tombeau, Wang Bing creuse dans des espaces inhumains (camp, asile, usine, désert) des tanières où vivre malgré tout. (Cahiers du Cinéma) Wang Bing parvient à nous faire pénétrer le corps collectif des ateliers, cette chorégraphie où chacun connaît son rôle, où chaque ouvrier semble prolonger le geste de l’autre, tout en révélant la personnalité de chacun de ces garçons romantiques, crâneurs ou belliqueux, ces filles bagarreuses et dégourdies. (Libération) Youth (Spring)” uses the workshops of Zhili City to illustrate — again and again, to the point of dulling its impact — the desolate truth that in the lower echelons of China’s industrial sector, youth is not wasted on the young. It is methodically ripped from them, day by day, seam by seam, stitch by stitch. (Variety) 

LE MUR DES ÉTOILES

Screenshot 2024-03-17 at 18.56.11LOGO_JPT_fr_rouge

Screenshot 2023-05-29 at 11.43.20.png

Leave a comment