Small Things like these ****

 

Un film se détache nettement d’une programmation plutôt branlante, où vos choix devraient être vite faits. SMALL THINGS LIKE THESE **** de Tim Mielants, que nous avons découvert au Festival de Gand, est un de ces films qui vous fait enrager face aux sévices de “notre mère l’église”, cette fois en Irlande. Après son triomphe dans “Oppenheimer”, Cillian Murphy y fait de nouveau des étincelles. Deux films made/in with Luxembourg s’offrent à vous: TARÍKA de Milka Lazarov, coproduit avec la  Bulgarie, et LA FOURCHETTE Â GAUCHE de Donato Rotunno, sur le restaurant du Circolo Eugenio Curiel au Luxembourg. KNEECAP de Rich Peppiatt sur un trio hip-hop originaire de Belfast. Et pour arrondir le tout, les inévitables productions françaises: LE PANACHE (qui a l’air intéressant), ON AURAIT Dû ALLER EN GRÈCE et – sous réserve  – UNE PART MANQUANTE qui a eu de bonnes critiques en France.

Jean-Pierre THILGES

Semaine du 20 au 26.11.2024

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SMALL THINGS LIKE THESE ****

Drame; Réalisé par Tim Mielants; avec Cillian Murphy, Claure Dunne Emily Watson; Irlande/Belgique 2024, 98 minutes; Berlinale 2024, Ghent 2024.  

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Quelques jours avant Noël 1985 à New Ross, une ville de 8.600 habitants au sud-est de l’Irlande. Bill Furlong (Cillian Murphy), le marchand de bois et charbon, y gère sa petite entreprise et élève avec son épouse Eileen leurs cinq filles.  Bill livre le charbon au couvent voisin et se retrouve témoin d’une scène perturbante : une jeune femme est remise aux bonnes sœurs en hurlant son opposition au destin qu’elles lui réservent. Une autre fois, en poussant une porte, il découvre des pensionnaires vêtues d’uniformes de prisonniers, qui cirent pieds nus le plancher. L’une d’entre elles supplie Bill de la sauver, avant qu’ils ne soient interrompus par une bonne sœur du Bon Pasteur sinistre et hostile…

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  • Tout comme “Hors d’Haleine” d’Eric Lamhène est un de ces films courageux qui vous restent à travers la gorge. Ici, le cinéaste belge Tim Mielants a adapté le roman de Claire Keegan, qui évoque les abus et la cruauté de l’église catholique irlandaise envers les filles-mère. Mielants racont son histoire bouleversante en demi-teintes, sans jamais surdramatiser, ce qui augmente évidemment l’impact du récit. Il est magnifiquement servi par l’interprétation filigrane de Cillian Murphy et celle, calm ement menaçante d’Emily Watson en mère supérieure sortie tout droit de l’enfer du Vatican. Une oeuvre surprenante qui mérite amplement ses quatre étoiles. (jpt)  

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KNEECAP

Biopic, comédie dramatique et musicale; Réalisé par Rich Peppiatt; avec les membres du groupe de rap “Kneecap”, Michael Fassbender; Irlande 2024, 105 minutes; Tribeca 2024, British Irish Film Festival Luxembourg. 

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Le destin amène un professeur de Belfast a rencontrer un groupe de hip hop pas comme les autres. Rappant dans leur irlandais natal, ils mènent un mouvement pour sauver leur langue maternelle…

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  • The Irish-language hip-hop trio Kneecap from Belfast caused much spluttering from the DUP in 2019 when, one day after William and Kate’s royal visit to the city’s Empire Music Hall, they showed up there doing a gig that involved raucously shouting (in English) “Brits out”. Kneecap have been a blazingly fierce presence since they emerged from the Irish language movement in the North, reinventing the political purpose of hip-hop and fighting a rearguard action for republican and Irish culture against a somnolent consensus. Now they’re playing versions of themselves in this hyperactive, and slightly Guy-Ritchie-esque biopic that isn’t shy of stereotypes; it is directed by Rich Peppiatt, who made their last video. The film focuses on a key moment of consciousness-raising: they realised that, on being questioned by the “peelers”, an Irish-language speaker can demand to have an Irish-language translator, fundamentally changing the dynamic of any such police interrogation and potentially any relationship with the police and the state itself. (Peter Bradshaw/The Guardian) 

https://youtu.be/FFYfp-hKxZQ?si=xDXSN5HN3sIFk-2z

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Films made in/with Luxembourg

TARÍKA

Drame, conte fantastique; Réalisé par Milko Lazarov; avec Vesela Vulcheva, Chrisos Stergioglou, Zahari Baharov; Bulgarie/Allemagne/Luxembourg 2024, 86 minutes; London Film Festival 2024, CinéEast 2024.

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Tarika souffre d’une malformation osseuse rare appelée “ailes de papillon”, une anomalie transmise par la lignée maternelle. Comme par enchantement, les animaux du village sont frappés par la maladie, la rivière s’assèche et Nikola, un garçon malade, meurt après s’être lié d’amitié avec Tarika. Poussés par la xénophobie et la superstition, les villageois deviennent de plus en plus méfiants et décident de s’occuper eux-mêmes de cette famille….

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  • Cinematographer Kaloyan Bozhilov works in enormously wide landscape shots and intimate close-ups on Tarika’s face (her voice notably sparse and her words wise), making sure the film world is self-contained and expansive. Shifting between “the big picture” and emotive faces also fits in with the logic of myth-making, ruled by dichotomies. It’s this holistic approach to filmmaking as world-building that elevates the script – which is, as always in Lazarov’s case, sparse in dialogue but rich in potent ideas – to the level of cosmology. There is no need to know or guess what happens to Tarika, or why the village people see her as a scapegoat for sin, disease and immigration, because the film is one to feel. Tarika’s world premiere in London, even in a non-competitive section, is a launchpad for its international visibility, but the shorthand of “magical realism” that one is tempted to attach to it does not capture the rich textures of a world that lives, flutters and breathes on its own. (Savina Petkova/cineuropa.org)

https://youtu.be/3o0YUOR06FE?si=3YHt9Z_7ty09A37K

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Films made in/with Luxembourg

LA FOURCHETTE À GAUCHE

Documentaire; Réalisé par Donato Rotunna; Luxembourg 2024, 75 minutes; Festival de Villerupt 2024. 

Au 107, route d’Esch, le Circolo Eugenio Curiel se trouve dans une situation embarrassante. Siège luxembourgeois du Parti communiste italien, dissous en 1991 et refondé en parti social-démocrate, cette maison est prise en étau par les projets immobiliers qui fleurissent dans la capitale. Elle sera détruite au début de l’année prochaine. D’un point de vue architectural, l’immeuble, acheté en 1978 par cette Asbl n’a rien de particulier. Pourtant, ce lieu a fait les beaux jours de nombreuses associations, mais aussi d’organisations politiques luxembourgeoises. La trattoria et les salles de réunion constituent un lieu de mémoire pour les mouvements de la gauche plurielle…679878

  • Donato Rotunno: « Tout a commencé en 2022. Le comité de gestion du Circolo Curiel m’a informé que le bâtiment et le siège social de l’association allaient être rasés. Or, cet endroit a accueilli 50 ans d’activités militantes, de rencontres autour de repas et autant d’activités culturelles et politiques, qui lient le monde associatif et la communauté italienne à notre pays. Face à ce vide, les membres du comité de gestion et les sympathisants ont réalisé qu’ils ne laisseraient aucune trace de ce demi-siècle d’activisme. Ils m’ont contacté pour imaginer capturer, à travers un documentaire ou du moins un projet audiovisuel, ce qui s’était passé là-bas. »

https://youtu.be/NcwmLUdVAS8?si=ZZpR5CUy9cOkqYtd

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LE PANACHE

Comédie dramatique; Réalisé par Jennifer Devoldere; avec José Garcia, Joachim Arsegeuel, Aure Atika; France 2024, 93 minutes.

Colin, 14 ans, fait son entrée dans un nouveau collège et il flippe : comment s’en sortir quand, comme lui, on est bègue ? Sa rencontre avec Monsieur Devarseau, charismatique prof de français, va le pousser à affronter ses peurs et sortir de son isolement. Maintenant Colin a une bande de copains et un projet : monter sur scène pour jouer Cyrano devant toute l’école…

  • Le Panache fait directement référence à l’univers de l’enfance de Jennifer Devoldere, aux personnages et aux récits initiatiques des teen movies qui l’ont marquée, comme L’Effrontée, Diabolo menthe, Stand By Me, Liberty Heights et bien sûr Le Cercle des poètes disparus : “Le final de David Devarseau est un hommage direct au film de Peter Weir. Comme Keating, Devarseau révèle les jeunes à eux-mêmes et éveille leur conscience.” “Il va transformer leur vision des choses et marquer à jamais leur vie. Mais je crois que la comparaison s’arrête là. Le Cercle est un drame qui se passe dans les années 50 et qui se termine par le suicide d’un adolescent. Les problématiques du Panache sont contemporaines – le handicap, la problématique du genre, le divorce, l’engagement, le harcèlement, l’importance du lien social – et sont traitées avec davantage d’humour et de légèreté”, confie la réalisatrice. (Dossier de presse)

https://youtu.be/mHtzSQoTq_U?si=zu5Vbg-kbOxYUDtd

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ON AURAIT DÛ ALLER EN GRÈCE

Comédie; Réalisée par Nicolas Benamou; avec Gérard Jugnot, Virginie Hocq, Claudia Bacos; France 2024, 81 minutes.

Ne pouvant partir comme à leur habitude en Grèce pour leur unique semaine annuelle de vacances familiale, les Rousselot débarquent en Corse. Après un accident de la route sur l’Île de Beauté, des voisins viennent perturber leur début de vacances… Règlements de comptes familiaux, insulaires, et quiproquos en vue…

  • Non seulement la Corse n’est pas visitée mais aucun personnage n’est regardé, pas même le fils transformiste qui se déguise en Dalida. Gérard Jugnot fait son numéro habituel, Virginie Hocq est en roue libre en mère alcoolique et Charlotte Gabris, à l’accent corse intermittent, s’avère mal à l’aise en pseudo-Colomba. (Télérama) 

https://youtu.be/pSLQ-lS6Zyg?si=PzdWLJOygWynSRXr

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Sous réserve de confirmation 

UNE PART MANQUANTE

Drame; Réalisé par Guillaume Senez; avec Romain Duris, Judith Chemla, Mei Cirne-Masuki; France 1924, 98 minutes.

Tous les jours, Jay parcourt Tokyo au volant de son taxi à la recherche de sa fille, Lily. Séparé depuis 9 ans, il n’a jamais pu obtenir sa garde. Alors qu’il a cessé d’espérer la revoir et qu’il s’apprête à rentrer en France, Lily entre dans son taxi…

  • Inspiré de faits réels, “Une part manquante” aurait pu prendre la forme d’un documentaire ou d’un film-dossier. Guillaume Senez fait le contraire. Dans ce sujet saturé d’affect, il trouve une nouvelle fois l’occasion d’une plongée sensible dans la paternité contemporaine. (Positif) On appréciera ici la finesse de la narration, qui, délivrée du pathos et de l’enchaînement causal, nous fait comprendre à retardement que ce type était un mort-vivant, coulé dans la gangue des us et coutumes nippones pour y supporter le deuil de sa fille disparue et l’emmurement de son amour orphelin. (Le Monde) Derrière la caméra, Guillaume Senez et sa cheffe-opératrice Elin Kirschfink scrutent les regards intenses, constamment aux aguets, de Romain Duris dans son rétroviseur, dosent l’ombre et la lumière, l’immobilité et le mouvement – donc l’espoir en marche – qu’induisent les séquences en voiture, et se font ainsi les explorateurs de nos vies chahutées par tant de paradoxes. (Bande à part) 

https://youtu.be/hV2bwCbCruA?si=Me7XvIySkJ2_ZLi_

LE MUR DES ETOILES

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