Une magnifique histoire d’amour sur fond de stalinisme avec COLD WAR de Pawel Pawlikowski. Un film sur la vie et les frasques de Silvio Berlusconi avec LORO 1 de Paolo Sorrentino. Une biographie de Freddie Mercury avec BOHEMIAN RHAPSODY de Brian Singer. Un spectacle musical haut en couleurs avec THE NUTCRACKER AND THE FOUR REALMS de Lasse Halström et Joe Johnston. Une comédie française paraît-il hilarante avec EN LIBERTÉ de Pierre Salvadori. Et un PETTERSON UND FINDUS: FINDUS ZIEHT UM pour les plus petits. Et DE SUPERHGEMP RETÖRNS qui continue d’attirer les foules. Voilà pour le menu alléchant de ce mercredi de vacances. On ne peut guère faire mieux par les temps qui courent. Jean-Pierre THILGES
Le film de la semaine:
COLD WAR/ZIMNA WOJNA ****
Drame romantique; Réalisateur: Pawel Pawlikowski; avec Joanna Kulig, Tomasz Kot, Agata Kulesza; Scénaistes: Pawel Pawlikowski, Janusz Glowacki, Piotr Borkowski; Directeur/Photo: Lukasz Zal; Pologne/GB/France 2018, 87 minutes; Prix de la Mise en Scène, Cannes 2018; Sélection officielle Toronto International Film Festival 2018.
Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible…
Oser (et on l’en remercie) tourner, en 2018, en noir et blanc et en format académique (1.37), il fallait le faire. Pawel Pawlikowski n’a pas froid aux yeux, aussi bien sur la forme que sur le fond de son très beau film qui ramasse les récompenses à la pelle. Cette histoire d’amour insolite qui démarre en Pologne staliniste pour se terminer sur les flonflons parisiens est un vléritable tour de force visuel, le travail sur l’image est phénoménal. La première moitié du film, qui montre les excès “culturels” du régime polonais au début des années 1950, est fascinante. Après, lorsque l’histoire prend le dessus, tout cela se tasse un peu et le film perd de son mordant. Mais cela rerste nettement en haut de la moyenne. Quatre étoiles méritées. (jpt)
LORO 1
Titre français: Silvio et les aures; Drame biographqiue; Réalisateur:Paolo Sorrentino; avec Toni Servillo, Elena Sofia Ricci, Riccardo Scamarcio, Fabrizio Bentivoglio; Scénaristes: Paolo Sorrentino, Umberto Contarello, basé sur la vie et les frasques de Silvio Berlusconi; Directeur/Photo: Luca Bigazzi; Musique: Lele Marchitelli; Italie 2018, 158 minutes. Sélection officielle Toronto Intl. Film Festival 2018.
Il a habité nos imaginaires par la puissance de son empire médiatique, son ascension fulgurante et sa capacité à survivre aux revers politiques et aux déboires judiciaires. Il a incarné pendant vingt ans le laboratoire de l’Europe et le triomphe absolu du modèle libéral après la chute du communisme. Entre déclin et intimité impossible, Silvio Berlusconi incarne une époque qui se cherche, désespérée d’être vide…
- Toni Servillo retrouve Paolo Sorrentino pour la 5ème fois de sa carrière après le premier film du réalisateur L’uomo in più (2001), Les Conséquences de l’amour (2003), Il Divo (2008), auréolé du Prix du Jury à Cannes et La Grande Bellezza, Oscar du meilleur film étranger.
- Après avoir incarné le politicien Giulio Andreotti dans “Il Divo”, Toni Servillo se métamorphose à nouveau pour se glisser dans la peau d’une grande figure de la politique italienne, Silvio Berlusconi. “Ces deux personnages ont demandé une préparation intense et une transformation physique. Ce sont des personnalités complètements différentes. Ils représentent 2 époques de l’histoire de la politique italienne qui ne sont pas si éloignées en termes de temps mais qui sont tout de même extrêmement différentes. Andreotti représente un monde qui a totalement disparu. Il y avait un gouffre énorme entre les hautes instances politiques et la société italienne. C’était un homme qui représentait tout l’aspect mystérieux, secret, de la politique transalpine. Il avait une culture du secret chevillé au corps, on ne savait absolument rien de sa vie privée. À l’inverse, Berlusconi a orchestré la médiatisation spectaculaire de sa vie. Il faisait ça à des fins électorales. Il utilisait la scène politique comme s’il était une star de cinéma. Il le faisait pour s’immiscer plus facilement dans l’inconscient des italiens et parvenir à les toucher au plus profond d’eux-mêmes et obtenir leur consentement”, analyse le comédien.
- Quand on demande à Toni Servillo pourquoi Berlusconi a exercé une telle fascination pour les italiens, ce dernier répond : “Je pense qu’il a su faire ressortir chez les italiens ce fantasme d’une « super-italianité ». Il a apporté à la politique une sorte de priapisme dont les italiens ont toujours eu une grande indulgence. Il occupait également la scène politique avec une extrême efficacité. Les médias italiens, quotidiennement, excessivement, ont aussi façonné une certaine idée de Berlusconi pour le public. C’était une image qui correspondait parfaitement à celle que Silvio se faisait de lui-même.”
(Extraits du dossier de presse)
BOHEMIAN RHAPSODY
Biographie, drame; Réalisateur: Bryan Singer; avec Rami Malek, Lucy Boynton, Aaron McCusker, Joseph Mazzello, Mike Myers; Scénariste: Anthony McCarten; Directeur/Photo: Newton Thomas Sigel; Musique; John Ottman, Queen; GB/USA 2018, 135 minutes; Dolby Atmos, dans certaines salles.
“Bohemian Rhapsody” retrace le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert “Live Aid”, alors qu’il était frappé par la maladie, découvrez la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique…
- Rami Malek does a commanding job of channeling Freddie Mercury’s flamboyant rock-god bravura, but Bryan Singer’s middle-of-the-road Queen biopic rarely lives up to the authenticity of its lead performance. (…) So with a performance as commanding as Rami Malek’s at its center, why isn’t “Bohemian Rhapsody” a better movie? Directed by Bryan Singer, who is now officially credited (after rumors that his name might be taken off the picture due to his failure to show up on set during the final weeks of filming late last year), the movie, despite its electrifying subject, is a conventional, middle-of-the-road, cut-and-dried, play-it-safe, rather fuddy-duddy old-school biopic, a movie that skitters through events instead of sinking into them. And it treats Freddie’s personal life — his sexual-romantic identity, his loneliness, his reckless adventures in gay leather clubs — with kid-gloves reticence, so that even if the film isn’t telling major lies, you don’t feel you’re fully touching the real story either. Freddie Mercury was a brazenly sexual person who felt compelled to keep his sexuality hidden, but that’s no excuse for a movie about him to be so painfully polite. As a director, Singer has always been a big-budget short-order cook, the kind of filmmaker who brings more energy than texture to what he’s doing. “Bohemian Rhapsody” creates a watchable paint-by-numbers ride through the Queen saga, yet it’s rarely the movie it could or should have been. As scripted by Anthony McCarten (“Darkest Hour,” “The Theory of Everything”), it lacks the cathartic intimacy, the rippingly authentic you-are-there excitement of a great rock-world biopic like “Sid and Nancy” or “Get On Up” or “Love & Mercy.” Yet the film’s limitations may not end up mattering all that much, since its once-over-lightly quality could prove to be highly commercial (and Malek’s captivating performance is pure awards bait). The movie can work for mainstream audiences as a jukebox musical pegged to a heart-tugging semi-synthetic version of Freddie Mercury’s rise and fall. (Owen Gleiberman/Variety)
THE NUTCRACKER AND THE FOUR REALMS
Titre français: Casse.Noisette et les quatre royaumes; Film musical et fantastique; Réalisateurs: Lasse Halkström, Joe Johnston; avec Mackenzie Foy, Keira Knightley, Helen Mirren, Morgan Freeman, Rîchard E. Grant; Scénariste: Ashleigh Powell; Directeur/Photo: Linus Sandgren; Musique: James Newton Howard; USA 2018, 100 minutes.
Tout ce que souhaite Clara, c’est une clé. Une clé unique en son genre, celle qui ouvrira la boîte contenant l’inestimable cadeau que sa mère lui a laissé avant de mourir. À la fête de fin d’année organisée par son parrain, Drosselmeyer, Clara découvre un fil d’or qui la conduit jusqu’à cette précieuse clé … mais celle-ci disparaît aussitôt dans un monde étrange et mystérieux. C’est dans ce monde parallèle que Clara va faire la connaissance d’un soldat nommé Phillip, d’une armée de souris, et des souverains de trois Royaumes : celui des Flocons de neige, celui des Fleurs et celui des Friandises. Pour retrouver cette clé et restaurer l’harmonie du monde Clara et Phillip vont devoir affronter la tyrannique Mère Ginger qui vit dans le quatrième Royaume, le plus sinistre d’entre tous…
- Une nouvelle production Disney aux images (voir bande-annonce) prometteuses, mais qui connut quelques déboires pendant sa production, puisque le réalisateur initial, le Suédois Lasse Halström, fut remplacé par l’Américain Joe Johnston, spécialiste de films é effets spéciaux, à qui on demande de retoruner plusieurs séquences. Faudra voir ce que ça donne, d’autant plus que – chose rare pour un film américain – les deux réalisateurs seront crédités au générique. (jpt)
EN LIBERTÉ!
Comédie; Réalisateur: Pierre Salvadori; avec Adène Haenel, Pio Marmai, Damien Bonnard, Vincent Elbaz, Audrey Tautou; Scénaristes: Pierre Salvadori, Benoît Graffin, Benjamin Charbit; Directeur/Photo: Julien Poupard; Musique: Camille Bazbaz; France 2018, 118 minutes; Prix SACD Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2018.
Yvonne, jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait, mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux…
- Finalement, la critique la plus difficile à écrire est celle d’une comédie vraiment drôle. Rien de plus ennuyeux que les gags décrits par le menu. Rien de plus ardu que d’expliquer pourquoi des acteurs qui d’habitude vous font un tout autre effet suscitent des éclats de rire dès qu’ils ouvrent la bouche. Je pourrais m’arrêter là et affirmer qu’”En liberté !”, huitième long-métrage de Pierre Salvadori, fait rire, et très fort, et appuyer ce témoignage sur les vagues d’hilarité qui ont secoué, lundi 14 mai, les 800 spectateurs du Théâtre Croisette, où sont projetés les films de la Quinzaine. Heureusement, Pierre Salvadori ne se contente pas de faire rire. Son film burlesque, violent, macabre et doux contient, outre une gamme de gags et de répliques allant du plus raffiné au plus affligeant, des mécanismes auxiliaires qui font tourner, en même temps que la comédie, des trains de pensée complexes circulant sur les voies de traverse entre fiction et réalité, et – comme le titre l’indique – entre liberté et servitude. (Thomas Sotinel/Le Monde)
PETTERSON UND FINDUS: FINDUS ZIEHT UM
Kinderfilm; Regie: Ali Samadi Ahadi; Mit Stefan Kurt, Marianne Sägebrecht, Max Herbrechter und der Stimme von Roxana Samadi; Drehbuch: Thomas Springer, nach den Kinderbüchern von Sven Nordqvist; Kamera: Mathias Neumann; Deutschland 2018, 81 Minuten.
Kater Findus (Stimme: Roxana Samadi) hat eine neue Matratze, auf der er von morgens bis abends herumspringt. Ihm macht das viel Spaß, aber der alte Pettersson (Stefan Kurt) ist mächtig genervt davon, denn er will seine Ruhe haben. Die Lösung des Problems: Pettersson baut seiner munteren Katze ein eigenes Haus zum Spielen und Hüpfen gleich nebenan. Allerdings hat er nicht damit gerechnet, wie sehr Findus das neue Häuschen gefällt – er geht nämlich nicht nur zum Spielen rüber, sondern zieht komplett um. Das war nicht im Sinne des Erfinders! Pettersson fühlt sich einsam, da er zwar ein bisschen mehr Ruhe, aber den fröhlichen Findus doch nicht ganz aus dem Haus haben wollte. Also ist es nun an Findus, sich etwas zu überlegen, womit er Pettersson wieder aufmuntern kann…
- Für die kleinsten der Kleinen, an die sich der Film vornehmlich richtet, mag das prima funktionieren. An die Abnabelungsgeschichte des neckischen Katers, der sich für reifer hält als er ist, können freilich auch Erwachsene andocken. Warum das aber so episodisch, kurzweilig und dadurch auch immer ein wenig zu flach sein muss, mit einem Slapstick, der sich stets mehr am Klamauk denn an virtuoser Akrobatik orientiert, bleibt unverständlich. Dass man kleine Kinder mit klüger erzählten Geschichten nicht gleich überfordert, haben internationale Produktionen wie “Paddington” (2014) unlängst bewiesen. (Falk Straub/Kinozeit.de)