Il fut un temps, où les critiques respectaient le cinéma et les films sur lesquels ils écrivaient. Qu’ils aiment où qu’ils détestaient ce qu’ils découvraient à l’écran, ils donnaient leur chance aux cinéastes en regardant les films jusqu’à leur fin. Tout ça, c’est fini – du moins pour la plupart de mes collègues. Certains se forment une opinion dès les premières minutes dans le genre “ça m’emmerde, je m’en vais”. Ok, mais parmi ceux-là, il y en a qui, après ces 20 minutes, dès qu’ils ont quitté la salle (parfois même en la quittant), se lancent sur Twitter ou Facebook en détruisant le film qu’il viennent de ne pas voir. Plus malhonnête, tu meurs! Mais au moins, ils étaient les premiers à émettre leur opinion. Ils ont gagné!
Mais c’est de pire en pire ! De nos jours, le jeu de massacre commence dès que la première bande-annonce d’un film tombe sur youtube. C’est ce qui est arrivé au pauvre CATS de Tom Hooper il y a quelques semaines. C’était comme si le Blitzkrieg des détesteurs avait été déclenché un peu partout dans le monde. Tout le monde et son chat y est allé de son opinion sur même pas deux minutes de films et c’est déjà à ce moment que Universal Pictures et Working Title Films auraient dû être fixés sur le sort qu’on réserverait à leur fil,, une fois qu’i lsortirait sur les écrans pour Nöel. Même des critiques de renom se sont fait prendre en train de renifler de ce pipi de chat, parce qu’ils ne voulaient pas de faire damer le pion par tous ces opérés du cerveau qui crachent leur venin sur les réseaux sociaux sur tout et n’importe quoi. L’influence des “grands” critiques appartenant désormais au passé, les nostalgiques du pouvoir perdu hurlent désormais avec les loups, plutôt que de faire leur métier proprement. Donc, les 100 millions de budget pour CATS sont partis en fumée avant même la première du film. Parce que les critiques autour du monde avaient besoin d’une curée pour se rappeler à nos mémoires.

Kinepolis Luxembourg a eu la bonne idée de nous montrer CATS en vision de presse. Plusieur(e)s de mes collègues ont révélé (avant la projection) leur réticence au films. Ils ou elles avaient donc déjà été négativement influencés par le jeu de massacre organisé autour du film. CATS serait donc le mal de tête garanti. Et patati et patapouf! Bien sûr que votre ouvreuse chérie avait également entendu la clameur et les miaulements dans la presse étrangère et sur les réseaux sociaux, mais elle n’avait (comme d’habitude) lu aucune critique. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle avait vu et détesté (en 1974) la production londonienne de CATS, qu’elle n’aime pas vraiment les félins (elle est une femme à chiens), mais qu’elle adore les comédies musicales en général, au cinéma et sur scène. Donc, Marie-Amandine avait gardé l’esprit, s’est lovée dans sa litière de chats au premier rang de Kinepolis 3 et s’est laissée brosser les poils.

Les 20 premières minutes étaient, il faut le dire, éprouvantes. La présentation des protagonistes (les Jellicle Cats) était un peu laborieuse et les danses (les danseurs sont superbes) sont nettement trop saccadées par un montage qui vous donne le tourniquet. Le grand Gene Kelly tenait à ce que ses danses soient filmées en plan général, alors qu’ici, les gracieux mouvements des danseurs sont saucissonnés par un montage stakhanoviste. Dommage! Mais au bout d’une bonne demi-heure, l’ouvreuse s’est confortablement installée dans le film et a commencé à prendre son pied. On était loin du chef d’oeuvre, certes, mais le plaisir était au rendez-vous. Un plaisir que d’autres n’ont ostensiblement pas trouvé ou même cherché…
Les chats du film en images de synthèse ne sont pas du goût de tout le monde, parait-il. On a pu lire ci et là que les félins et leur fourrures n’était pas réalistes, que leur queues étaient au mauvais endroit que, de toute façon, tout cela était de très mauvais goût. Il est vrai que les chats qui marchent sur deux pattes en chantant et en dansant se doivent d’être réalistes, on en croise tous les jours. Putain, les auteurs du film se sont décidés pour cette approche “freaky”…et pourquoi pas? Beaucoup de ceux qui se sont acharnés sur le film n’avaient jamais vu la pièce sur Broadway ou au Westend londonien, ne connaissaient pas T.S.Eliot (non, c’est pas le jeune garçon dans “E.T.”) et disaient qu’ils ne comprenaient strictement rien au film. Tant pis pour eux, l’intrigue de la pièce ez du film n’est pourtant pas compliquée, il s’agit de regarder, d’écouter et – pour certains – de lire les sous-titres pour comprendre de quoi ça parle. Ou miaule.

Pour l’ouvreuse, voir apparaître Jennifer Hudson, Judy Dench, Ian McKellen,Taylor Swift, Idris Elba, James Corden et Rebel Wilson grimés en félins faisait partie d’un plaisir qui s’est avéré de plus en plus coupable, au fur à mesure que la mince intrigue avançait et que tout cela devenait de plus en plus dingue. Et la jeune Francesca Hayward qui faisait ici ses débuts au cinéma est une véritable révélation.

L’ouvreuse croit que le secret du film et la possibilité de l’accepter réside dans le fait que c’est du “camp” pur et simple, un bébête-show qu’on n’est pas censé prendre trop au sérieux. Les gens connus qui y ont participé ont tenu à faire partie d’une aventure hors du commun, mais que – hélas – l’inégalité dramaturgique de l’entreprise et une critique particulèrement hargneuse ont rapidement mis fin à l’aventure. Pour l’ouvreuse, CATS est à ranger dans la même catégorie de films comme THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW, POLYESTER ou encore HOWARD THE DUCK, qui sont devenus des objets de culte au fil des ans. Marie-Amandine verrait très bien CATS comme une sorte de PUSSY HORROR PICTURE SHOW que l’on présentera encore dans 30 ans, dans des séances de minuit, où les spectateurs seront déguisés en chats et chanteront toutes les chansons à tue-tête. Hélas, Universal Pictures qui va sans doute perdre un paquet d’argent avec le film n’ont pas suivi le mouvement, ils ont arrêté de promouvoir CATS pour la course aux Oscars, alors qu’ils auraient dû changer leur stratégie de promotion: Allez donc voir CATS, le film que tous les critiques du monde ont détesté. Il faut rester curieux, même si un dicton anglais dit que “la curiosité à tué le chat”. Marie-Amandine vous garantit que tous ces chats sont curieux, donnez- leur donc une chance. Et puis, Jenniger Hudson chantant “Memories” vaut, à elle seule, le prix du billet! Miaou…
Marie-Amandine, chatte sur un toît brûlant
