
Oui, le redémarrage des salles est lent, douloureux et un peu triste, compte tenu de l’absence de films porteurs. Le public est, lui aussi, un tantinet frileux, alors que nos cinémas ont fait un maximum de ce qui est faisable pour accueillir les gens dans les meilleures conditions sanitaires possibles. Bien sûr, la peur semble encore régner face à un virus farouche, mais je peux vous garantir que j’ai vu quatre films en salle depuis mercredi dernier et que je ne me suis senti “en danger” à aucun moment. Alors si vous voulez vraiment que ça redémarre, il faudra vous montrer solidaire avec les salles et y aller, d’autant plus que THE HUNT (****) et EMA (****) valent vraiment le déplacement, le premier pour sa surprenante irrévérence et le deuxième pour ses qualités plastiques. En plus, il y a plein de pépites en reprise, des films dont la carrière avait été interrompue par le confinement, le 13 mars dernier.

Cette semaine, LA BONNE EPOUSE de Martin Provost revient sur les écrans, où elle est rejointe par QUEEN AND SLIM de Melina Matsoukas, un road-movie genre Bonnie and Clyde qui est dangereusement près de l’actualité américaine du moment et du mouvement “Black Lives Matter. Et pour terminer en beauté, les salles du CDAC ont réalisé un joli coup en programmant le surprenant THE LIGHTHOUSE de Robert Eggers, avec Willem Dafoe et Robert Pattinson, un véritable festin pour cinéphiles qui – vous êtes prévenus – ne passera qu’en quelques séances éparses. Ajoute tardive: Kinepolis vient d’ajouter la comédie française DIX JOURS SANS MAMAN avec Franck Dubosc, “the man I love to hate”.
Dernières nouvelles: En France, les cinémas redémarrent aujourd’hui mais contrairement au Luxembourg, la capacité des salles n’est pas réduite et le port des masques est obligatoire avant d’atteindre son siège. Bonne nouvelle finalement pour l’Association Luxembourgeoise de la Presse Cinématographique (ALPC), dont nous faisons partie – elle est désormais affiliée à la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique (Fipresci). Voilà une bonne chose de faite.
Jean-Pierre THILGES
THE LIGHTHOUSE **** Nouveau
Drame fantastique; Réalisateur: Robert Eggers; avec Willem Dafoe, Robert Pattinson; Scénaristes: Robert Eggers, Max Eggers; Directeur/Photo: Jarin Blaschke; Musique: Mark Korven; USA/Canada 2019, 110 minutes; Sélection officielle Toronto 2019, London Film Festival 2019, Prix Fipresci Quinzaine des Réalisateurs 2019.
L’histoire hypnotique et hallucinatoire de deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890.
- THE LIGHTHOUSE de Robert Eggers fut récompensé du Prix Fipresci en mai 2019 à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise. Un an et 3 mois plus tard, ce film d’une beauté envoûtante – il a été tourné sur pellicule, en noir et blanc et en format 1.19-1, ce qui le rapproche du cinéma muet – arrive enfin sur nos écrans, grâce à l’acharnement de ces merveilleux fous volants du CDAC. Mais attention: Le film ne passera actuellement que dans quelques rares séances – en plus, comopte tenu de la situation actuelle – dans des salles à capacités réduites. Donc, si vous êtes cinéphiles et si vous ne voulez pas rater cette pépite, il faudra être vigilant. C’est un film qui ne se décrit pas vraiment, puisque tout y est atmosphère, atmosphère et encore atmosphère. Et des images in croyables dignes des plus grands chefs opérateurs du noir et blanc. Quatre étoiles! (jpt)
- “The Lighthouse,” the second feature directed by Robert Eggers (“The Witch”), is a gripping and turbulent drama that draws on a number of influences, though it merges them into its own fluky gothic historical ominoso art-thriller thing. Set in the 1890s, and suffused with foghorns and epic gusts of wind, as well as a powerfully antiquated sense of myth and legend, the movie is shot in shimmeringly austere black-and-white, with a radically old-fashioned 1.19:1 aspect ratio (a nearly perfect square, like that of an early sound film). That lends everything that happens a weird immersive clarity. The entire film is set on a desolate island of jagged black rock, where a gnarly old sea dog, played by Willem Dafoe, declaiming his lines like Captain Ahab on a bender, is tending the lighthouse there for four weeks along with his new assistant, played with surly reticence — and then an aggression that bursts out of him like a demon — by Robert Pattinson. (Owen Gleiberman/Variety)
QUEEN AND SLIM Nouveau
Drame, road-movie; Réalisatrice: Melina Matsoukas; avec Daniel Kaluuya, Jodie Turner-Smith, Bokeem Woodbine , Chloë Sevigny, Flea, John Sturgill Simpson, Indya Moore, Jahi Di’Allo Winston, Thom Gossom Jr.; Scénaristes: Lena Waithe, James Frey; Directeur/ Photo: Tat Radcliffe; Musique: Dev Hines; USA 2019, 132 minutes.
Lors d’un ordinaire rendez-vous amoureux en Ohio, un homme noir et une femme noire, sont arrêtés pour une infraction mineure de circulation. La situation dégénère, entraînant des conséquences soudaines et tragiques quand l’homme tue un policier pour se défendre. Terrifiés et leurs vies désormais en danger, l’homme, un employé de magasin, et la femme, avocate de la défense criminelle, se voient obligés de fuir. Mais l’incident a été filmé et la vidéo se propage. Le couple devient alors involontairement un symbole de traumatisme, terreur, deuil et douleur pour les américains. Alors qu’ils conduisent, ces deux improbables fugitifs vont apprendre à se connaître l’un l’autre mais aussi se découvrir eux-mêmes dans des circonstances des plus extrêmes et désespérées. Ils vont forger un amour sincère et puissant qui va révéler leur profonde humanité et façonner le reste de leurs vies…
- This arresting debut feature from Melina Matsoukas – Grammy-award winning director of Beyoncé’s Formation video, whose television CV includes Master of None and Insecure – puts new twists on familiar outlaw riffs that can be traced back through “Badlands” and “Bonnie and Clyde” to “À bout de souffle” and beyond. Boasting outstandingly empathic performances from dynamite screen presence Daniel Kaluuya (Oscar-nominated for Get Out) and rising star Jodie Turner-Smith, in a career-making first feature lead, it’s an intoxicatingly lawless lovers-on-the-run romance played out against the politically charged backdrop of racially divided modern America. (Mark Kermode/The Guardian)
- “There was a time in Hollywood when the Production Code required movies to condemn criminals and treat the police with respect. “Queen & Slim” offers a different perspective. It hails from a world in which cops shoot first and ask questions later, even during a routine traffic stop when the driver is black. These days, it’s increasingly tough to find depictions of honest law enforcement on screen, and while the cliché of the trigger-happy white cop is starting to wear thin with overuse of late, “Queen & Slim” isn’t trying to cut corners by leaning on that trope. Rather, the movie challenges: Even in a time of dashcams and citizen protests, who would ever believe that a couple of cop killers were acting in self-defense?” (Peter Debruge/Variety)
LA BONNE EPOUSE *** Reprise
Comédie: Réalisateur: Martin Provost; avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky, Edouard Baer, François Berléand; Scénaristes: Martin Provost, Séverine Werba; Directeur/Photo: Guillaume Schiffman; Musique: Grégoire Hetzel; France 2020, 108 minutes; Sélection officielle LuxFilmFest 2020.
Tenir son foyer et se plier au devoir conjugal sans fléchir : c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère. Ses certitudes vacillent quand elle se retrouve veuve et ruinée. Est-ce le retour de son premier amour ou le vent de liberté de mai 68 ? Et si la bonne épouse devenait enfin une femme libre ?
- Sorti (en France et au Luxembourg) la semaine même où le virus a mis fin à la vie publique et culturelle pour plus de trois mois, il n’est que justice que LA BONNE ÉPOUSE reçoive sa seconde chance au moment où les cinémas se mettent de nouveau à tourner. Nous l’avions vu pendant le LuxFilmFest, avant que celui-ci ne soit également obligé de clôturer son édition anniversaire. LA BONNE EPOUSE est une comédie charmante un peu anodine, où tout le monde se fait plaisir en s’habillant de ses plus belles couleurs printanières. Juliette Binoche jubile en jouant la pimbêche, Yolande Moreau se joue elle-même (comme d’habitude quoi), Noémie Lvovsky en fait énormément en religieuse maniaque et fumeuses assidue, le pauvre François Berléand est le dindon de la farce et Edouard Baer ne sait plus à quel saint se vouer. Tout cela se regarde avec beaucoup de plaisir, à moins que les féministes ne trouvent à redire sur la première partie du film. Allez hop, trois étoiles. (jpt)
Le réalisateur Martin Provos, à propos de son film:
Ajouté après clôture:
10 JOURS SANS MAMAN Nouveau
Comédie; Réalisateur: Ludovic Bernard; avec Franck Dubosc, Aure Atika, Alice David, Alexis Michalik; Scénaristes: Ludovic Bernard, Mathieu Ouillon; Directeur/Photo: Vincent Richard; Musique: Harry Allouche; France 2020, 97 minutes.
Antoine, DRH d’une grande enseigne de bricolage, est en passe de devenir le numéro 1 de sa boîte. C’est le moment que choisit sa femme Isabelle pour faire une pause et prendre l’air quelques jours pour s’occuper d’elle. Antoine se retrouve alors seul à devoir gérer la maison et leurs 4 enfants. Il est vite dépassé par les événements ! 10 jours sans maman qui risquent bien de faire capoter sa nomination.
La bande-annonce nostalgique (1)
FRENCH CANCAN de Jean Renoir (1955)
La bande-annonce nostalgique (2)
MOULIN ROUGE de John Huston (1952)
La bande-annonce nostalgique (3)
CAN-CAN de Walter Lang (1960)
Le Mur des Lamentations 22.6.2020 à 13.30h