Oui, oui, oui ! JAMES BOND a encore été reporté, cette fois jusqu’en octobre. Et on peut être presque certain que GODZILLA VS KONG ne sera pas dans les salles en mars et le nouveau GHOSTBUSTERS a disparu jusqu’à la Saint Glin-Glin. Les gros distributeurs continuent de chier dans leurs frocs et laissent les cinémas (ceux qui sont ouverts, pour l’instant juste au Luxembourg) se débrouiller tout seuls. Et plutôt que de soutenir nos salles (qui en ont bien besoin), les Luxembourgeois continuent de faire les difficiles, alors que la programmation “alternative” est loin de démériter. En fait, elle ne pourrait être plus alléchante !
Okay, ce ne sont pas des orgies destructrices ou des sempiternelles machines à popcorn, mais plutôt que de se vautrer chez soi et de se saouler sur Netflix et co, pourquoi ne pas partir à l’aventure avec THE COMEBACK TRAIL et rigoler un bon coup ? Pourquoi ne pas suivre Kevin Costner et Diane Lane dans un excellent western moderne intitulé LET HIM GO ? Pourquoi ne pas déguster une succulente patisserie britannique dans LOVE SARAH, rencontrer des péripatéticiennes brésiliennes dans JOVENS POLACAS ou suivre le destin de clandestins mexicains dans IDENTIFYING FEATURES ? Ou encore se souvenir de l’Holocauste avec deux films forts, présentés en séances spéciales – le tout nouveau PERSISCHSTUNDEN de Vadim Perelman et ADAM RESURRECTED de Paul Schrader, qui date de 2008. Mais bon…si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville, souvenez-vous de ce que Jean-Paul Belmondo a dit dans “À bout de souffle”. Jean-Pierre THILGES
THE COMEBACK TRAIL ***
Comédie cinéphile; Réalisateur: Geroge Gallo; avec Robert De Niro, Tommy Lee Jones, Zach Braff, Morgan Freeman, Emile Hirsch, Eddie Grifin; Scénaristes: George Gallo, Josh Posnner, basé sur le film homonyme de Harry Hurnitz (1982); Directeur/Photo: Lukasz Bielan; Musique: Aldo Shilaku; USA 2020, 104 minutes.
Un vieux producteur de films (ou plutôt d’inqualifiables nanars) a des dettes colossales auprès d’un chef de la mafia. Il décide de faire une fraude à l’assurance en choisissant une star de western suicidaire, Duke Montana, pour jouer dans un film médiocre avec l’intention de le tuer lors des premiers jours du tournage. Mais ils finissent par obtenir plus qu’ils ne l’avaient jamais imaginé…
- Réunir Robert De Niro, Tommy Lee Jones et Morgan Freeman pour une comédie autour du monde du cinéma et des nanars était une bonne idée et le résultat est rafraichissant, même si la mise en scène est trop paresseuse pour faire entièrement justice à un scénario qui nous a fait rigoler tout au long de la projection. Les cinéphiles qui connaissent leurs références sur le bout des doigts se régaleront avec un film qui rappelle une peu THE PRODUCERS de Mel Brooks, mais qui est effectivement le remake d’un film de Harry Hurwitz au même titre, sorti en 1982, où Buster Crabbe (ex-Tarzan) joua le rôle de Duke Montana, que joiue cette fois l’inénarrable Tommy Lee Jones. THE COMEBACK TRAIL ne serait sans doute pas sorti si la pandémie n’avait pas arrêté la sortie de pratiquement tous les films porteurs, et cela aurait été bien dommage, car la rigolade est plus que franche ! Trois étoiles ! (jpt)
LET HIM GO ****
Titre français: L’un des nôtres; Drame, western moderne; Réalisateur, scénariste: Thomas Bezucha; avec Kevin Costner, Diane Lane, Lesley Manville, Jeffrey Donovan, Will Brittain; Directeur/Photo: Guy Godfree; Musique: Michael Giacchino; USA 2020, 114 minutes.
- Du bon cinéma…le genre de films indépendants, viscéraux et sacrément bien enlevés qui se font de plus en plus rares dans nos cinémas, où ils ont été remplacés ces dernières années par des trucs interminablement indigestes et sans âme, qui, la plupart du temps sont appelés des “blockbusters”, pour la plus simple raison qu’ils attirent un public de plus en plus désintéressé par le “vrai” cinéma, un public qui vient juste-là pour retrouver une autre attraction de fête foraine. Un scénario qui tient la route, des acteurs superbement dirigés, un réalisateur qui saît jusqu’où aller “trop loin”, des images qui restent colléws sur vos rétines, bref ce que certains zigotos/critiques ne manqueront pas d’appeler du “cinéma classique”, avec cette petite note d’ironie hautaine de ceux qui ne jurent que par leur propre intellect et qui estiment suspect la moindre idée de “plaisir” du travail bien fait. Quatre étoiles ! (jpt)
- “Let Him Go,” starring Diane Lane and Kevin Costner as an ageing rancher couple out to rescue their grandson from a clan of varmint in-laws, is set in Big Sky Country about 50 years ago, and it’s like a family-values, homespun-nostalgia version of “The Searchers” crossed with “Midsommar” on the range. If that sounds like an oddball of a movie, but one that’s going to keep you watching, it is. “Let Him Go” isn’t subtle, but as a genre film it’s original and shrewdly made, with a floridly gripping suspense. And Lane and Costner give it their all in a casual way that only pros this seasoned and gifted can. They turn the movie into an unlikely thing: a touchingly bone-weary romance steeped in vengeance. (Owen Gleiberman/Variety)
LOVE SARAH
Comédie romantique et sucrée; Réalisatrice: Eliza Schroeder; avec Shelley Conn, Shannon Tarbet, Bill Paterson, Celia Imrie, Rupert Penry-Jones; Scénaristes: Eliza Schroeder, Jake Brunger, Mahalia Rimmer; Directeur/Photo: Aaron Reid; Musique: Enis Rotthoff; GB 2020, 97 minutes.
Une jeune femme souhaite réaliser le rêve de sa mère d’ouvrir sa propre boulangerie dans le quartier de Notting Hill, à Londres. Pour ce faire, elle sollicite l’aide d’un vieil ami et de sa grand-mère…
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Celia Imrie stars in warm-hearted Notting Hill drama. There are echoes of Fleabag and Richard Curtis in this tale of a mother’s attempt to run a bakery that her late daughter was set to open. (The Guardian) Imagine Richard Curtis adapting Bake Off and you’re close to the sugar high of this slice of cinematic comfort food. It’s easy to be sniffy about a film that sets three friends on an against-all-odds quest to set up Notting Hill’s 400th artisanal bakery, but there’s enough winning ingredients in this slight but sweet-natured comedy-drama to defy cynicism. The ever-watchable Celia Imrie, for one, who brings enough salty detachment to all the pastry porn and feelgood vibes to keep it all from collapsing under the weight of its own sugariness like some kind of rogue soufflé. The film’s themes of inclusion, family and multiculturalism may be broadly delivered, but they definitely don’t all miss the mark. (Time Out)
Cinéma en langue portugaise
JOVENS POLACAS
(Traduction: Jeunes Polonaises) Drame; Réalisateur: Alex Levy-Heller; avec Jacqueline Laurence, Emilio Orciollo Netto, Lorena Castanheira; Scénariste: Alex Levy-Heller d’après le livre de Esther Largman; Directeur/Photo: Miguel Vassy; Musique: Breséil 2019, 96 minutes.
L’histoire des fameuses “polacas”, des jeunes femmes polonaises forcées de se prostituer à Rio de Janeiro, au début des années 1900. Le journaliste Ricardo interroge Madame Mira qui se souvient du passé de sa mère qui fut, jadis, une “polaca”…
Nous sommes tout à fait pour l’idée de promouvoir le cinéma en langue portugaise (celui-ci est en portugais brésilien), mais il faudrait aussi que les responsables de cette série de films nous fassent parvenir des informations en une langue que nous comprenons, que ce soit en luxembourgeoism en allemand, en français ou en anglais, peu importe… mais de grâce, informez-nous, car nos capacités en portugais sont quelque peu non-existantes.
- Alex Levy-Heller já tinha mostrado sua habilidade na construção de quadros finamente elaborados em seu belo terror gótico Christabel. Agora em Jovens Polacas, o diretor confirma que realmente tem um olhar privilegiado para a composição cênica, seja no preenchimento do espaço, uso das cores, profundidade, iluminação e referências pictóricas. Há, ao mesmo tempo, crueza e beleza no passado triste daquelas mulheres judias trazidas para o Brasil como escravas sexuais a partir do século 19. A contraposição é interessante por confundir expectativa e realidade, imaginação infantil com a vivência cotidiana e a noção da sociedade com a visão de seu próprio povo, que as rejeitava. Jovens Polacas é baseado no livro homônimo de Esther Largman, que pesquisou a fundo a história das jovens judias do Leste Europeu. De famílias pobres, elas eram trazidas ao Brasil e à Argentina por uma organização criminosa conhecida por Zvi Migdal sob falsas promessas, inclusive de casamento, e aprisionadas em casas onde tinham que trabalhar como prostitutas baratas, chegando a atender mais de 20 clientes em uma única noite. Muitas morriam doentes de sífilis e tuberculose. O filme escolhe o caminho que traçará para contar essa história, e nomeia uma dessas mulheres, Sarah. Fugindo um pouco da dinâmica da Zvi Migdal, dá a sua protagonista outra motivação para vir ao Brasil, mas o mesmo destino. (Cecilia Barroso/Cenas de Cinema)
Exclusivité CDAC
SIN SEÑAS PARTICULARES/IDENTIFYING FEATURES
Drame; Réalisateur: Fernanda Valadez; avec Mercedes Hernández, David Illescas, Juan Jesús Varela; Scénaristes: Astrid Rondero, Fernanda Valadez; Directeur/Photo: Claudia Becerril Bulos; Musique: Clarice Jensen; Mexique/Espagne 2020, 95 minutes; Sundance Film Festival 2020.
Magdalena , une mère célibataire de 48 ans, vivant chichement dans l’État de Guanajuato, dans une petite maison entouré d’un lopin de terre d’où elle a vu partir son fils Jesús et son copain Rigo qui espèrent rallier l’Arizona. Sans nouvelles deux mois plus tard, après un dernier appel des deux jeunes sur le point de prendre un bus non loin de la frontière, leurs mères signalent leur disparition et des photos des Fédéraux entérinent la mort de Rigo. Magdalena décide alors de se rendre sur les lieux et se lance dans une véritable odyssée marquée…
- Passant la situation au microscope, Sans signe particulier est sans cesse en mouvement avec son personnage principal, avançant progressivement (dans un tempo très bien maîtrisé) vers une nature de plus en plus sauvage, aussi bien physiquement que métaphoriquement. En apparence simple et très beau portrait de femme du peuple et de mère dont la caméra explore la moindre inflexion du visage, le film (qui bénéficie d’un joli travail de Claudia Becerril à la direction de la photographie et de Clarice Jensen à la musique) recèle en réalité plusieurs fines strates lui permettant d’embrasser son sujet dans toute son ampleur, des désirs de migration aux bribes de confiance et de solidarité émergeant dans une atmosphère générale de menaces et de non-dit. Un vaste hors champ qui s’incarnera finalement frontalement et qui en dit long sur les frontières du cœur humain et sur les indéniables qualités d’une réalisatrice à suivre de près. (Fabien Lemercier/ Cineuropa)
- While U.S. attention in recent years has focused on the supposed hordes of “invading” illegal immigrants seeking to cross the southern border, “Identifying Features” is about a separate but related concern: The alarming if unknowable number of those immigrants who go missing, often robbed, kidnapped and/or killed, before they ever reach our soil. Most of the film’s primary characters are mothers trying to find out what happened to their vanished would-be-émigré offspring, providing Fernanda Valadez’s feature with a compelling subject and some powerful scenes. But the narrative is also frustratingly cryptic, holding back basic intel that might clarify things (or even this story) for viewers unfamiliar with the issues. A film that straddles the line between artful and arty like this one isn’t designed for a wide public. There are moments that are striking, even if the their impact is muddied by a minimalism that at times feel pretentious. (Dennis Harvey/Variety)
Journée de la Mémoire de l’Holocauste
PERSISCHSTUNDEN
Drama; Regie: Vadim Perelman; mit Nahuel Pérez Biscayart, Lars Eidinger, Jonas Nay; Drehbuch: Ilya Zofin; Kamera: Vladislav Opelyants; Musik: Evgueni & Sacha Galperine; Russland/Deutschland/Belarus 2020; Intl. Filmfestspiele Berlin 2020
1942. Gilles, ein junger Belgier, wird zusammen mit anderen Juden von der SS verhaftet und in ein Konzentrationslager nach Deutschland gebracht. Er entgeht der Exekution, indem er schwört, kein Jude, sondern Perser zu sein – eine Lüge, die ihn zunächst rettet. Doch dann wird Gilles mit einer unmöglichen Mission beauftragt: Er soll Farsi unterrichten. Offizier Koch, Leiter der Lagerküche, träumt nämlich davon, nach Kriegsende ein Restaurant im Iran zu eröffnen. Wort für Wort muss Gilles eine Sprache erfinden, die er nicht beherrscht. Als in der besonderen Beziehung zwischen den beiden Männern Eifersucht und Misstrauen aufkommen, wird Gilles schmerzhaft bewusst, dass jeder Fehltritt ihn auffliegen lassen könnte…
- Gekonnt und mit sicherer Hand führt Regisseur Vadim Perelman bei diesem spannungsreichen Drama Regie. Ihm gelingt eine Meisterleistung: “Persischstunden” hält die feine Balance zwischen einer respektvollen Darstellung der Schrecken der Shoah und einem Sinn für Ironie, der ein Schlüssel zum Überleben in irrsinnigen Zeiten sein mag. (Berlinale Katalog 2020)
- Vadim Perelman: „Die Erinnerung ist eines der wichtigsten Themenstellungen im Film wie auch der menschliche Einfallsreichtum. Wie menschliche Erfindungsgabe und menschlicher Geist beim Überleben helfen, das ist wirklich unglaublich. Ich denke, das ist schon im Drehbuch zu spüren. Es ist doch unfassbar in dieser Geschichte, wie Gilles die Namen von Gefangenen in eine fremde Sprache transformiert und sie damit unsterblich macht. Während des Krieges gab es so viele Menschen, die, ohne Spuren zu hinterlassen, von der Bildfläche verschwanden und unbekannt blieben, weil die zur Aufklärung notwendigen Archive und Auflistungen in den Lagern von den Nazis verbrannt wurden.“
Journée de la Mémoire de l’Holocauste
ADAM RESURRECTED – Reprise
Drame; Réalisateur: Paul Schrader; avec Jeff Goldblum, William Dafoe, Derek Jacobi; Scénario: Noah Stollman, d’après le roman de Yoram Kaniuk; Directeur/Photo: Sebastian Edschmid; Musique: Gabriel Yared; USA/Israel/Allemagne 2008, 106 minutes; Festivals de Telluride, Toronto, e.a., 2008/2009.
1961, en Israël. Adam Stein, un homme charismatique, est interné dans un institut psychiatrique pour rescapés de l’Holocauste dirigé par le professeur Nathan Gross. Avant la guerre, à Berlin, Adam était propriétaire d’un cirque, magicien, musicien, adoré du public et des nazis jusqu’à ce qu’il soit envoyé dans le camp de concentration du Commandant Klein. Adam survit au camp en devenant ” le chien ” du Commandant, alors que sa femme et sa fille sont envoyées à la mort…
- The madness of Holocaust survivors is here played mainly for dark comedy. The film’s dazzling central performance in a mental institute finds Jeff Goldblum in the role of his career as a former German-Jewish circus clown and nightclub performer who still can’t resist performing a magic trick or seducing a nurse. You might rub people the wrong way with this approach, but the challenge of finding the right tone for each scene — in the clown’s interaction with nurses and doctors dazzled by his undoubted brilliance; the flashbacks to his Berlin career and the degradation of the camps; his descent into madness and confrontation with a feral boy who believes himself to be a dog — doesn’t seem to daunt Schrader in the slightest. The film is not a complete success. Somehow the clown and dog-boy are too easily cured, at least in a 106-minute movie, and for all the true virtuosity of Goldblum’s performance, the character seems more of a metaphor for survivor’s guilt than a flesh-and-blood man. Still you’ve got to hand it to Schrader: He pulls off enough of this impressionistic comedy to provoke passions and arguments anew about a topic that seems done to death. (Kirk Honeycutt/The Hollywood Reporter 2008)
Le Mur des Étoiles
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