Attention les yeux ! Alors que le public (vacciné, guéri ou testé) peut désormais déguster les films sans masque, une fois assis dans la salle, la programmation de cette première semaine d’août est tout simplement mythique. Un nouveau Woody Allen, un drame carcéral ivoirien à cinq étoiles, un film d’action médiévale qui a fait jubiler les critiques américains, un film de science-fiction de Doug Liman, une comédie française aussi casse-gueule que joyeuse, un Japonais qui ne saît pas que la guerre est finie, un homme qui vend sa peau, un drame allemand d’après Erich Kästner…et une horreur américaine sur laquelle on fera une croix. Comment vais-je faire pour ne pas perdre les pédales avec cette offre mirobolante ? Jean-Pierre THILGES
RIFKIN’S FESTIVAL/Woody Allen
Comédie romantique et cinéphile; Réalisateur, scénariste: Woody Allen; avec Wallace Shawn, Gina Gershon, Elena Anaya, Louis Garrel, Christoph Waltz, Sergi López, Steve Guttenberg, Tammy Blanchard, Douglas McGrath, Richard Kind; Directeur/Photo: Vittoria Storaro; Musique: Stephane Wrembel; Espagne/USA/Italie 2020, 92 minutes; Festival de San Sebastian 2020.
Un couple d’Américains en villégiature au festival de San Sebastián tombe sous le charme de l’événement, de l’Espagne et de la magie qui émane des films. L’épouse a une liaison avec un brillant réalisateur français, tandis que son mari la trompe avec une belle Espagnole…
- Un nouveau Woody Allen ne se refuse pas, surtout à l’heure actuelle, où les puritains ont réussi à réduire en miettes la carrière de ce cinéaste mythique, qui doit désormais se tourner vers l’Espagne et l’Italie pour financer ses films. Les quelques critiques américains qui ont vu le film n’en disent que peu de bien, mais on est habitué à leurs élucubrations et couardises face aux attaques sur le cinéaste dans leur pays. Nous, on a hâte de voir le film et de soutenir le cinéaste. (jpt)
LuxFilmFest Lab: Utopia 4.8.21
LA NUIT DES ROIS/Philippe Lacôte *****
Drame carcéral et mystique; Réalisateur, scénariste: Philippe Lacôte; avec Bakary Koné, Steve tientcheu, Issaka Sawadogo; Directeur/Photo: Tobie Marier-Robitaille; Musique: Olivier Alary; Côte d’Ivoire/Canada/Sénégal/France 2020, 93 minutes; Festivals de Venise et de Toronto 2020.
Un jeune délinquant est amené à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), qui a la particularité d’être officieusement dirigée par un détenu, le Dangôro. Ce dernier, connu sous le nom de Barbe Noire, sait que la maladie mine son autorité et qu’il devra bientôt mettre fin à ses jours, comme l’exige la règle. Dans l’espoir de repousser cette échéance, Barbe Noire décide de raviver un anicien rituel et désigne le nouveau venu comme « Roman », personnage chargé de divertir l’assemblée. Tandis que la nuit se lève et que dans le ciel luit la lune rouge, les captifs entrent dans une frénésie incontrôlable. Objet de l’attention de tous, Roman devra puiser dans son imagination pour raconter une histoire dont la chute, s’il souhaite rester en vie, ne pourra survenir qu’une fois l’astre éteint…
- Présenté en avant-première et en trois séances ce mercredi (le film sortira plus tard), LA NUIT DES ROIS se retrouvera sans le moindre doute dans notre Top 15 de 2021. Un scénario fourmillant, une histoire fascinante, une mise en scène qui invente des images à couper le souffle, des acteurs illustrement inconnus qui contribuent à la frénésie de l’ensemble, bref – du cinéma épique à l’état pur. J’en frémis encore. Si vous pouvez onbtenir des places, n’hésitez surtout pas. Cinq étoiles ! (jpt)
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Visionary Ivory Coast prison movie offers a figurative kind of escape — through Storytelling. Director Phillipe Lacôte brings magical realism and Ivorian narrative custom to an unlikely setting in this dazzling if hard-to-follow prison movie. (Variety)
THE GREEN KNIGHT/David Lowery
Aventures fantastiques; Réalisateur, scénariste: David Lowery; avec dev üatel, Alicia Vikander, Joel Edgerton, Sarita Choudhury; Diecteur/Photo: Andrew Doz Palermo; Musique: Daniel Hart; USA 2021, 125 minutes.
Dans la cour du roi Arthur, le jeune Gawain, désœuvré, passe ses nuits à boire et à s’amuser en compagnie de femmes libertines. Néanmoins, il couve le désir d’accomplir de grandes choses et de prouver sa valeur à ses proches. Ainsi, il accepte le défi lancé par un mystérieux inconnu ayant interrompu le festin de Noël du couple royal et des chevaliers de la Table ronde. Gawain doit porter un coup à l’étranger, sachant que celui-ci lui rendra la pareille dans un an jour pour jour…
- … all of which makes “The Green Knight” a vital and fascinating artifact. If “The Lord of the Rings” undergirds “Star Wars,” and the King Arthur saga undergirds “The Lord of the Rings,” what are we to make of a misty, lavishly scaled medieval odyssey, full of ghosts and magic and hallucinations and wandering, that adapts — and does its best to stay true to — “Sir Gawain and the Green Knight,” an epic poem of tormented romantic nobility, with links to the Arthurian legends, written by an anonymous author in the late 14th century? As a movie, “The Green Knight” feels like it was scraped out of the deepest, muddiest archaeological sediment of the Age of Chivalry. (Owen Gleiberman/Variety)
- Le cinéaste David Lowery propose avec ce film une relecture d’une légende arthurienne classique. Le récit d’un protagoniste engagé dans une quête apparemment destinée à le mener à sa perte est empreint d’une étrangeté inquiétante. L’atmosphère irréelle, appuyée par les éléments fantastiques ainsi que par l’imagerie et la musique ecclésiastiques, crée un sentiment de détachement solennel prononcé. (RCQuébec)
CHAOS WALKING/Doug Liman
Science-fiction; Réalisateur: Doug Liman; avec Tom Holland, Daisy Ridley, Mads Mikkelsen, Demian Bichir; Scénaristes: Patrick Ness, Christopher Ford, basé sur les romans de Patrick Ness; Directeur/Photo: Ben Seresin; Musique: Marco Beltrami, Brandon Roberts; USA 2021, 109 minutes.
Todd Hewitt habite une étrange planète, où toutes les femmes ont été décimées par des extraterrestres et où les hommes sont affublés d’une force surnaturelle, appelée le « Bruit », qui expose les pensées de tout un chacun. Un jour, Todd fait la rencontre de Viola, une mystérieuse jeune femme, dont le vaisseau spatial vient de s’écraser. Il constate rapidement qu’il ne peut pas entendre ses réflexions et comprend donc que les femmes ne sont pas soumises au même châtiment que les hommes. Sentant qu’elle n’est pas en sécurité, Todd décide de l’accompagner jusqu’à un lieu où elle pourra communiquer avec des gens dans l’espace qui pourront venir la secourir…(Synopsis: cinoche.com)
- In sci-fi Western “Chaos Walking,” the mud-crusted colonists of New World have a tricky job of keeping secrets. That’s because something about the atmosphere on this far-flung planet — which otherwise looks a lot like the incentive-friendly Peach State of Georgia — interacts with the human brain, resulting in a curious phenomenon known as “the Noise,” a swirly CG effect whereby every little thing that goes through people’s heads can be heard by those around. Now, if you’ve ever wished you could read the mind of “Spider-Man” star Tom Holland, this is your chance, although the sad truth about director Doug Liman’s flashy would-be franchise-starter (based on novelist Patrick Ness’ “Chaos Walking” trilogy, whose Wikipedia page boasts, “The series has won almost every major children’s fiction award in the UK”) is that his latest character doesn’t have a lot of big ideas to share… (Peter Debruge/Variety)
OSS 117:ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE ***
Nicolas Bedos
Comédie irrévérencieuse; Réalisateur: Nicolas Bedos; avec Jean Dujardin, Pierre Niney, Vladmir Yordanoff, Fatou N’Diaye; Scénariste: Jean-François Halin, basé sur les personnages de Jean Bruce; Directeur/Photo: Laurent Tangy; Musique: Nicolas Bedos, Anne-Sophie Versnaeyen; France 2021, 116 minutes; Cannes 2021 – Film de clòture.
1981. Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, est de retour. Pour cette nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001. Etse retrouvera bientôt en Afrique noire…
- Adeptes du mouvement “MeToo”, s’abstenir, car Hubert Bonisseur de La Bath, alias agent secret OSS 117 est toujours aussi raciste, misogyne, xénophobe, franchouillard… et profondément con. Troisième volet de la série à succès, le film n’y va pas de main morte pour ce qui est de la provocation tout azimuth. Les âmes sensibles auront plein de choses à dire sur les escapades surtout verbales du bon Hubert, mais en ce quio nosu concerne, la parodie de James Bond (qu’on attend toujours) est réussi et on rigole bêtement pendant tout le film. Trois étoiles. (jpt)
ONODA – 10.000 NUITS DANS LE JUNGLE/Arthur Harari
Drame de guerre; Réalisateur: Arthur Harari; avec Endo Yuya, Tsuda Kanjiom Matsuura Yuya; ; Scénaristes: Arthur Harari, Vincent Poymiro; Directeur/Photo: Tom Harari; France/Allemagne/Belgique/Italie 2021, 160 minutes; Festival de Cannes 2021 – Un certain regard.
Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hiroo Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu’il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l’Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s’achèvera 10 000 nuits plus tard…
- Un second long métrage très audacieux, dont le panache assez héroïque n’exclut pas une sensibilité vibrante et délicate. (Les Fiches du Cinéma) Une multiplicité de motifs qui questionnent, sans jamais tenter de l’élucider, le mystère Onoda, et laissent un sentiment de vertige particulièrement tenace après la projection. (Les Inrocks) A travers l’histoire vraie d’un Japonais qui, sur une île philippine, a continué de se battre pendant trente ans après la Seconde Guerre mondiale, Arthur Harari signe le biopic magnifique d’un homme qui ne voulait ni la paix ni mourir. (Libération) Loin d’une simple transposition factuelle, l’œuvre s’approprie la matière autobiographique pour lui communiquer une ampleur rarement vue dans un cinéma français que l’on n’avait pas connu aussi ambitieux dans son appréhension de l’épopée et son lyrisme sec. (Positif)
THE MAN WHO SOLD HIS SKIN/Kaouther Ben Hania
Drame; Réalisateur, scénariste: Kaouther Ben Hania; avec Yahya Mahayni, Dea Liane, Monica Bellucci; Koen De Bouw; Directeur/Photo: Christopher Aoun; Musique: Amin Bouhafa; France/Tunisie/Allemagne/Belgique/Suède 2020, 103 minutes; Sélection officielle Venise 2020.
Sam Ali, jeune syrien sensible et impulsif, fuit son pays pour le Liban afin d’échapper à la guerre. Pour se rendre en Europe et vivre avec l’amour de sa vie, il accepte de se faire tatouer le dos par l’artiste contemporain le plus sulfureux au monde. En transformant son corps en une prestigieuse œuvre d’art, Sam finira toutefois par découvrir que sa décision s’est faite au prix de sa liberté…
Kaouther Ben Hania a eu l’idée du scénario de L’Homme qui a vendu sa peau lorsqu’elle était au Louvre en 2012. Cette année, le musée consacrait une rétrospective au Belge Wim Delvoye et la réalisatrice a été marquée par l’une de ses oeuvres, “Tim 2006”, un homme tatoué par la main de l’artiste exposé sur un fauteuil. Cette image ne l’a alors plus quittée. Elle se rappelle : “Petit à petit d’autres éléments de mon vécu, de l’actualité brûlante, des hasards des rencontres sont venus se greffer et enrichir cette image. Un jour en 2014, alors que je m’apprêtais à retoucher la énième version du scénario de mon film précédent La Belle et la meute, je me suis retrouvée à écrire d’un jet, durant 5 jours d’affilé, le récit de L’homme qui a vendu sa peau. L’histoire était mûre.” (Dossier de presse)
THE FOREVER PURGE/Everardo Gout
Film d’épouvante; Réalisateur: Everardo Gout; avec Ana de la Reguera, Tenoch Huerta , Josh Lucas, Will Patton; Scénariste: James DeMonaco; Directeur/Photo: Luis David Sansans; Musique: The Newton Borthers; USA 2021, 104 minutes.
Adela et son mari Juan habitent au Texas, où Juan travaille dans le ranch de la très aisée famille Tucker. Juan gagne l’estime du patriarche Caleb Tucker, ce qui déclenche la jalousie de Dylan, son fils. La matinée suivant le déchainement nocturne de violence annuelle, un groupe masqué attaque la famille Tucker, dont la femme de Dylan, et sa sœur, forçant les deux familles à s’unir et organiser une riposte alors que le pays entier sombre dans la spirale du chaos et que les États-Unis se désagrègent petit à petit autour d’eux…
- Dommage, toutefois, qu’il émane de ce cinquième chapitre une impression de paresse intellectuelle, tant du côté du scénario que de la réalisation. Certes, on amène le concept hors de sa zone usuelle. Mais on aurait pu pousser l’exercice beaucoup, beaucoup plus loin. Même chose pour le commentaire social qui, à l’instar des entrées précédentes de la série, manque crûment de subtilité. (Bruno Lapointe/Journal de Montréal)
Exclusivité Salles Cinextdoor
FABIAN ODER DER GANG VOR DIE HUNDE
Dominik Graf
Drama; Regie: Dominik Graf; mit Tom Schilling, Albrecht Schluch, Saskia Rosendahl, Michael Wittenborn; Drehbuch: Constantin Lieb, Dominik Graf, nach dem Roman “Fabian – Die Geschichte eines Moralisten” von Erich Kästner; Kamera: Hanno Lentz; Musik: Sven Rossbach, Florian van Volxem; Deutschland 2021, 186 Minuten; Berlinale 2021.
Berlin, 1931: Ein Ort zwischen Untermiete und Unterwelt, wo Bordelle Ateliers sind, Nazis auf den Straßen pöbeln und man in Babelsberg vom “psychologischen Film” träumt. Das Leben brodelt, die Gesellschaft gärt, korrodiert. Solange er noch Arbeit hat, verfasst der promovierte Germanist Jakob Fabian tagsüber Werbetexte, nachts zieht er mit Stephan Labude durch die schrägen Etablissements der Stadt. Während sein Freund – er wird später bekennen, “in den Fächern Leben und Beruf” versagt zu haben – ein Draufgänger in Sachen Kommunismus und Sex ist, bleibt Fabian nüchtern und distanziert. Er wartet auf den “Sieg der Anständigkeit”, ohne recht daran zu glauben. Nur die Liebe zu Cornelia lässt ihn an seinem ironischen Fatalismus zweifeln. Sie wird zum Lichtblick in seinem zerrinnenden Leben…
- Erich Kästners tieftraurigen autobiografischen “Fabian” – einen der bedeutendsten Romane der Weimarer Republik – aus seinem Schattendasein zu holen, ist bei allen Parallelen zum vermaledeiten Heute eine Herausforderung. Dominik Graf meistert sie kongenial: spitzfindig pointiert sein Stil, kaltschnäuzig flott, und doch von schweigsamer Melancholie. Ein Film wie eine Diskokugel, die sich langsam dreht. Über den Zusammenhang von Geschlechtsverkehr und leerem Kühlschrank – und den Zerfall des Traums vom Glück. (Quelle: 71. Internationale Filmfestspiele Berlin, Katalog)
- FABIAN ODER DER GANG VOR DIE HUNDE ist eine aufmerksame und trotz seiner inhaltlichen Schwere immer erzählerisch leichte Beobachtung einer haltlosen und unsicheren Gesellschaft, in der Einzelschicksale verschwimmen. Und in seinen letzten Bildern eine starke Erinnerung daran, dass es ein System gab, in dem FABIAN nie hätte existierten dürfen. (FBW Wiesbaden)
Comme le film est uniquement présenté en version doublée F/D, nous ne donnons aucune information supplémentaire et il n’apparaîtra pas sur notre “Mur des Étoiles”. Le distributeur devra comprendre un jour qu’une très grande partie du public au Luxembourg (dont beaucoup d’enfants) est anglophone et aime les versions originales.