À part répéter le mot “magnifique”, que dire d’une semaine au cinéma, où on nous fait cadeau d’un des très grands films de l’année en provenance de l’Iran (BALLAD OF A WHITE COW), où on nous offre à la fois le nouveau Paolo Sorrentino È STATO LA MANO DI DIO (sur grand écran, avant son passage sur Netflix) et le nouveau Pedro Almodovar MADRES PARALELAS, où on nous emmène dans les bas-fonds de l’industrie du porno à Los Angeles avec PLEASURE, où le cinéma français nous propose LES CHOSES HUMAINES de Yvan Attal, et où les salles Cinextdoor sont allées chercher un excellent documentaire avec DIE UNBEUGSAMEN, sur le dur combat des femmes allemandes pour se frayer un chemin en politique. Honnêtement, quelle année magnifique sur nos écrans de cinéma !
Jean-Pierre THILGES
Semaine du 1er au 7 décembre 2021
BALLAD OF A WHITE COW/قصیده گاو سفید *****
Titre original: Ghasideyeh gave sefid; Drame; Réalisateurs, scénaristes Maryam Moghadam, Behtash Sanaeeha; Directeur/Photo: Amin Jafari; Iran 2021, 105 minutes; Sélection officielle Festivals de Berlin et de Tribeca 2021.
Iran, de nos jours. La vie de Mina est bouleversée lorsque son mari est condamné à mort. Elle se retrouve seule, avec leur fille à élever. Un an plus tard, elle est convoquée par les autorités qui lui apprennent qu’il était innocent. Alors que sa vie est à nouveau ébranlée, un homme mystérieux vient frapper à sa porte. Il prétend être un ami du défunt…
- Un film iranien, découvert au récent Festival de Tribeca, qui vous glacera le sang. Co-écrit et co-réalisé par l’actrice principale, qui est bouleversante dans le rôle d’une femme doublement victime d’un régime sans pitié, LE PARDON est le genre d’oeuvre qu’il faut recevoir en pleine figure. C”est pourquoi nous n’en dirons pas plus… (jpt)
È STATA LA MANO DI DIO/THE HAND OF GOD
Comédie dramatique; Réalisateur, scénariste; Paolo Sorrentino; avec Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Sapoinangelo, Renato Carpentieri; Directrice/Photo: Daria D’Antonio; musique: Lele Marchitelli; Italie 2021, 130 minutes; Festival de Venise 2021: Grand Prix du Jury, Prix du meilleur jeune acteur.
Naples dans les années 80. Fabietto Schisa, adolescent mal dans sa peau, vit avec sa famille excentrique et haute en couleurs. Mais son quotidien est soudain bouleversé lorsque Diego Maradona, légende planétaire du football, débarque à Naples et le sauve miraculeusement d’un terrible accident. Cette rencontre inattendue avec la star du ballon rond sera déterminante pour l’avenir du jeune homme. Avec La Main de Dieu, Sorrentino revient dans sa ville natale pour réaliser son film le plus personnel, qui mêle le destin et la famille, le sport et le cinéma, l’amour et les illusions perdues…
- Après le choc magnifique de “The Power of the Dog” de Jane Campion, le Luxembourg a de nouveau la très grande chance de pouvoir découvrir un des moments-phare de l’année dans les salles de cinéma, avant son passage sur Netflix.
- La Main de Dieu, présenté dans toute sa gloire italienne à domicile, à la 78e Mostra de Venise, marque le retour du cinéaste Paolo Sorrentino, après quelques escapades internationales – Youth, la série The Young Pope/The New Pope, la satire politique Silvio et les autres – à ce qui est sans doute son turf préféré : les ambiances légèrement nostalgiques, légèrement felliniennes, de son grand succès La Grande Bellezza. On peut même retirer les “légèrement” de cette phrase : son nouveau film est totalement imbibé de tout ça, comme un succulent baba au rhum dégusté au coeur de Naples, qui reçoit ici un hommage débordant d’amour, partiellement autobiographique. (Jan Lumholt/cineuropa)
MADRES PARALELAS
Drame; Réalisateur, scénariste: Pedro Almodovar; avec Penélope Cruz, Milena Smit, Israel Elejalde, Royy De Palma; Directeur/Photo: José Luis Alcaine; Musique: Alberto Iglesias; Espagne 2021, 120 minutes; Sélection officielle Festival de Venise 2021: Prix de la meilleure actrice Penélope Cruz.
Deux femmes, Janis et Ana, se rencontrent dans une chambre d’hôpital sur le point d’accoucher. Elles sont toutes les deux célibataires et sont tombées enceintes par accident. Janis, d’âge mûr, n’a aucun regret et durant les heures qui précèdent l’accouchement, elle est folle de joie. Ana en revanche, est une adolescente effrayée, pleine de remords et traumatisée. Janis essaie de lui remonter le moral alors qu’elles marchent telles des somnambules dans le couloir de l’hôpital. Les quelques mots qu’elles échangent pendant ces heures vont créer un lien très étroit entre elles, que le hasard se chargera de compliquer d’une manière qui changera leur vie à toutes les deux…
- Almodovar, tout comme son animal totem, Douglas Sirk, a toujours été doué pour les mélodrames sur le thème de la maternité. Celui-ci ne manque pas d’ingrédients dramatiques (ni de kits de tests ADN à faire soi-même), mais de passion si – c’est un film où des rideaux blancs voletant sous l’effet de la brise mènent directement à la conception d’un enfant. L’adjonction dans le récit d’une autre brève liaison assez oubliable n’aide pas franchement, sans mentionner le fait qu’on a ici affaire au genre d’histoire où l’on devine ce qui va se passer bien avant les personnages – même si c’est compréhensible en l’espèce, puisque les deux héroïnes ont maintenant des nourrissons à charge et, dans le cas de l’une d’elle, une jeune fille au pair totalement larguée. (Marta Balaga/Cineuropa)
- Among the multiple pop sources and forms that Pedro Almodóvar has always poured, like some slightly mad chef, into his movies, one that looms particularly large is the soap opera. I have often described his aesthetic, especially back in his bad-boy days, as Telemundo on peyote. Almodóvar’s “Parallel Mothers,” which opened the 78th Venice Film Festival, tells the story of two women, both single mothers, who give birth to baby daughters at virtually the same moment (they’re roommates on a maternity ward in Madrid), and it’s a film of cascading twists and turns, of thickening complication, of high family drama. Hearing that, you might imagine that it’s a movie of high comedy as well — a giddy and ironic Almodóvarian stew of maternal diva melodrama. But “Parallel Mothers,” while it keeps us hooked on what’s happening with a showman’s finesse, is not a comedy. It’s not an over-the-top Pedro party. It’s an unabashedly serious movie, one so straightforwardly sculpted and emotionally down-to-earth that there’s no distance between the audience and what’s happening onscreen. (Owen Gleiberman/Variety)
PLEASURE
Drame; Réalisatrice: Ninja Thyberg; avec Sofia Kappel, Revika Anne Reustle, Evelyn Claire; Scénaristes: Ninja Thyberg, Peter Modestij; Directrice/Photo: Sophie Winqvist; Musique: Karl Frid; Suède/Pays Bas 2020, 109 minutes; Festivals de Sundance, Cannes, Deauville, Gent/Gand.
Une jeune suédoise de 20 ans arrive à Los Angeles dans le but de faire carrière dans l’industrie du porno. Sa détermination et son ambition la propulsent au sommet d’un monde où le plaisir cède vite la place au risque et à la toxicité…
- The real paradigm shift in porn — it’s one that underlies a spiritual shift in the culture — is how extreme so much of it has become. Simply put: In porn, extreme is the new normal. I’m not just talking about the rise of fetish porn, the prominence of B&D and other “categories” that were once relegated to the sidelines. I’m talking about the “rough” vibe that now courses through so much online pornography, and how it has turned porn into an increasingly dark arena for acting out a kind of ritualized, eroticized aggression. Porn used to depict, more or less, what was known as vanilla sex. Now, to put it bluntly, more and more of it is about hate-fucking.I make a point of this only because that’s the world that Ninja Thyberg has made a movie about with “Pleasure,” a drama set in the L.A. porn industry that premiered last night at Sundance. The movie takes an intentionally stark, disturbingly authentic plunge into what the porn world has become. Most of the actors who are in it come out of the adult-film business, and Thyberg, who is Swedish (this is her first feature), researched the film by immersing herself in the porn scene. She has said that most of the incidents we see in the movie are based on things she witnessed. (Owen Gleiberman/Variety)
LES CHOSES HUMAINES
Drame; Réalisateur: Yvan Attal; avec Ben Attal, Suzanne Jouannet, Charlotte Gainsbourg, Mathieu Kassowitz, Pierre Arditi, Audrey Dana, Benjamin Lavernhe; Scénaristes: Yaël Langmann, Yvan Attal, d’après leroman de Karine Tuil; Directeur/Photo: Rémy Chevrin; Musique: Mathieu Lamboley; France 2021, 130 minutes; Sélection officielle Festival de Venise 2021.
Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé. N’y a-t-il qu’une seule vérité ? Les choses humaines, interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs…
Yvan Attal: ” Le roman venait de sortir. J’étais intéressé par l’auteur, que j’avais déjà lu, et son sujet : un jeune homme accusé de viol au lendemain d’une fête. Le récit m’a bouleversé. J’étais ému par l’accusé – en qui je pouvais voir mon fils –, ému par la victime – en qui je pouvais voir ma fille -, je me suis totalement identifié aux parents des deux jeunes impliqués dans ce fait- divers. J’ai modifié la structure de l’histoire – il y a «lui» puis «elle» et enfin le procès – pour que le spectateur prenne le temps de s’attacher à eux. J’avais envie de savoir d’où ils venaient, qui ils étaient, comment chacun avait perçu la soirée qui précède le drame, pourquoi elle estimait qu’il y avait eu viol et lui considérait qu’elle avait donné son consentement. Le sujet était contemporain, les personnages complexes. Et pour la première fois, ce livre me donnait l’occasion de m’éloigner de la comédie, me retrouver dans un genre de cinéma qui m’a donné envie de faire du cinéma avec des éléments que je n’avais jamais eu l’occasion de filmer – un commissariat de police, un Palais de Justice, une perquisition etc. ” (Dossier de presse)
Exklusiv in den Cinextdoor Kinos
DIE UNBEUGSAMEN
Dokumentarfilm; Regie, Konzept: Torsten Körner; mit Herta Däubler-Gmelin, Renate Faerber-Husemann, Elisabeth Haines, Dr. Renate Hellwig, Marie-Elisabeth Klee, Rita Süssmuth, usw.; Kamera: Johannes Imdahl, Claire Jahn; Musik: Stefan Döring; Deutschland 2021, 99 Minuten.
Dokumentarfilm über die Geschichte der Frauen in der Bonner Republik. Ihre Beteiligung an den demokratischen Prozessen in der noch jungen Bundesrepublik mussten sie sich hart erkämpfen, saßen an den Schalthebeln der Macht doch überwiegend grenzenlos von sich überzeugte, von Macht und Erfolg besessene Männer. Als Frau in diesen Kreisen gehört zu werden, erforderte enorme Zähigkeit und Unerschrockenheit. Aus zahlreichen Archivaufnahmen sowie Interviews mit Politikerinnen von damals über ihre oft bitteren, manchmal absurden Erfahrungen entsteht eine bewegende Chronik westdeutscher Politik von den 1950er Jahren bis zur Wiedervereinigung.
- Das Motto des spannendsten und dabei längst überfälligen Dokumentarfilms zur deutschen Nachkriegszeit und speziell zur Bonner Republik stammt von der fränkischen SPD-Politikerin Käte Strobel (1907 – 1996), die zwischen 1966 und 1972 Bundesministerin für Gesundheit gewesen ist: „Politik ist eine viel zu ernste Sache, als dass man sie alleine den Männern überlassen könnte.“ (…) Auszüge aus Bonner Bundestagsdebatten etwa über den Abtreibungs-Paragraphen 218 oder den Nato-Doppelbeschluss offenbaren eine geradezu frauenfeindliche Atmosphäre quer durch alle Fraktionen. Als die Grünen 1984 den Fraktionsvorsitz ausschließlich mit Frauen besetzen, um so ein Zeichen zu setzen, zeigen nicht nur Politiker der etablierten Parteien, sondern auch Journalisten wie der TV-Star Friedrich Nowottny völliges Unverständnis, der von „Hauruck-Verfahren“ und „brutalem Zugriff“ des Trios Schoppe, Antje Vollmer und Christa Nickels sprach. Als Helmut Kohl 1985 mit Prof. Rita Süssmuth eine Quereinsteigerin als zweite Frau ins Kabinett holt, ahnt er nicht, welches Kaliber er bald neben sich auf der Regierungsbank haben wird. (Pitt Herrmann/Heinz17herne)