Non, les British ne reviennent pas en Europe, mais les très British qui orbitent autour de la somptueuse demeure chère aux fans de la série font un deuxième petit tour en cinémascope dans DOWNTON ABBEY – A NEW ERA. Au risque de brusquer quelques uns parmi nos amis critiques, nous sommes de nouveau tombés sous le charme un tantinet désuet d’un film axé sur celle qui est désormais un trésor national britannique, la géniale Dame Maggie Smith. Ceux qui ne jurent que par les super-héros de l’univers Marvel seront sans aucun doute excités de retrouver DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS, réalisé par Sam Raimi, ce qui pourrait nous inciter à voir le film…en deuxième semaine. Le reste de la programmation va du cinéma d’auteur français avec ARTHUR RAMBO de Laurent Cantet à l’abeille Maja, en passant par une coproduction luxembourgeoise, UNE HISTOIRE PROVISOIRE, et un film tourné en Côté d’Ivoire nommé AYA. Voilà, c’est tout…et ce n’est pas rien !
Jean-Pierre THILGES
Semaine du 4 au 10 mai 2022
DOWNTON ABBEY – A NEW ERA ****
Comédie dramatique très “british”; Réalisateur: Simon Curtis; avec Maggie Smith, Hugh bonneville, Michelle Dockery, Elizabeth McGovern, Hugh Dancy, Dominc West, Imelda Staunton, Phyllis Logan, Jim Carter, Nathalie Baye; Scénariste: Julian Fellowes; Directeur/Photo: Andrew Dunn; Musique: John Lunn; GB 2022, 125 minutes.
1928. Les Crawley et leurs domestiques assistent tous au mariage de Tom Branson et de Lucy Smith, fille de Lady Bagshaw. Lord Grantham explique à ses proches que le notaire de famille se rendra prochainement à Downton, à la demande de la Douairière, et qu’il compte sur leur présence à tous. En effet, Violet a hérité d’une villa dans le sud de la France qu’elle souhaite à son tour léguer à la fille de Lady Sybil et de Branson. Mais cette décision met celui-ci mal à l’aise. Sans comprendre pourquoi le regretté marquis de Montmirail s’est montré aussi généreux avec sa mère, Lord Grantham reçoit un appel téléphonique intriguant : un certain M. Barber, réalisateur pour le cinéma, souhaite tourner son nouveau film muet, The Gambler, à Downton Abbey. Si Robert estime que l’idée est grotesque, Lady Mary, de son côté, considère qu’il est difficile de refuser l’offre de la production face aux travaux de rénovation qui attendent la famille…
- “Downton Abbey – A New Era”, est le genre de film que certains critiques prennent de haut, et c’est leur bon droit, puisque tout ce qui n’est pas chiant ne vaut pas la peine d’être apprécié. Cela-dit, je ne fais pas partie de cette catégorie, et je peux vous dire que j’ai pris mon pied, mon cheval et ma voiture (hein ?) pendant les deux heures et cinq minutes de pur plaisir plus british tu meurs avec cette comédie hautement aristocratique et plus cin ématographique que d’habitude, puisque nul autre que “Singin’ in the Rain” vient faire une incursion à Downton. Vous comprendrez pourquoi en voyant le film. Tout le monde (ceux qui ont survécu, du moins) est au rendez-vous et Maggie Smith, la belle, la merveilleuse, l’incomparable Maggie Smith, se taille une fois de plus la part du lion, puisque cette fois, c’est elle qui a un secret. Quatre étoiles, et tant pis pour les “sourpuss” de service. (jpt)
- La dramaturgie est sommaire : Lady Mary Talbot se remariera-t-elle ? Violet Crawley (Maggie Smith, succulente) a-t-elle eu, dans sa jeunesse, une liaison ? ; mais on retrouve avec plaisir l’ambiance feutrée et high class de la série et du premier film. Du cinéma aussi confortable qu’une paire de charentaises. (L’Obs) Surtout, le réalisateur en profite pour rendre le plus réjouissant des hommages à Chantons sous la pluie. À l’en croire, le cinéma parlant britannique naît dans le salon des Crawley. Et voici tous les valets, femmes de chambre et cuisinières priés de figurer dans les habits de leurs maîtres… D’où un parfait divertissement (…). (Télérama)
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Mais surtout, sertis dans des paysages de rêve, des décors léchés et des costumes raffinés, il y a cette galerie de comédiens délectables (à laquelle se rajoute une Nathalie Baye en mode hélas bien mineur…) aussi prompts à nous faire sourire d’une réplique pince-sans-rire que frémir d’émotion. (La Croix)
DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS
Aventures fantastiques Marvel; Réalisateur: Sam Raimi; avec Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olen, Chiwetel Ejiofor, Benedict Wong; Scénariste: Michael Waldron, basé sur la bédé de Stan Lee et Steve Ditko; Directeur/Photo: John Mathieson; Musique: Danny Elfman; USA 2022, 126 minutes.
L’univers cinématographique Marvel pousse les limites du multivers encore plus loin. Voyagez vers l’inconnu avec Docteur Strange, qui, avec l’aide d’anciens et nouveaux alliés mystiques, traverse les dangereuses réalités alternatives du multivers pour affronter un nouvel adversaire mystérieux….
Le film n’étant sorti nulle part, il n’y a pas encore de critiques officielles fiables…
ARTHUR RAMBO
Drame; Réalisateur: Laurent Cantet; avec Rabah Nait Oufella, Antoine Reinartz, Sofian Khammes; Scénaristes: Laurent Cantet, Fanny burdino, Samuel Doux; Directeur/Photo: Pierre Milon; musique: Chloé Thévenin; France 2022, 87 minutes; Toronto Intl Film Festival 2021.
Qui est Karim D. ? Ce jeune écrivain engagé au succès annoncé ou son alias, Arthur Rambo, qui poste des messages haineux que l’on exhume un jour des réseaux sociaux…
- Témoignage poignant et précis sur la violence des mécanismes des réseaux sociaux, le film aborde la question de l’identité et l’impact de ces médias sur la construction de celle-ci. (L’Humanité) Partant sans doute du principe qu’il n’y a rien à «expliquer», Arthur Rambo relate à froid, mais avec une empathie mesurée pour son personnage, les quarante-huit heures qui suffiront à ce qu’un écrivain adulé précisément pour ses origines autant que son talent littéraire devienne la créature la plus honnie du système médiatique et de la place de Paris, le film se développant en un quasi-polar nerveux, construit sur la nébuleuse résolument opaque qui entoure les motivations de Karim D. (Libération) La force principale du film réside dans la manière dont apparaissent par à-coups les tweets : d’abord sur fonds noirs comme des intertitres puis directement dans l’image. Ils semblent brouiller les pistes, agir sur notre perception du monde, la modifier de l’intérieur comme des interférences venues d’un monde parallèle. (Positif)
Films made in/with Luxembourg
A FLEETING ENCOUNTER/UNE HISTOIRE PROVISOIRE
Drame; Réalisateur: Romed Wyder; avec Felipe Castro, Pooneh Hajimohammadi, Elisabet Johannesdottir; Scénario: Nasim Ahmadpour, Romed Wyder; Directeur/Photo: Ram Shweky; Musique: Bernard Trontin, Sophie Mousel; Suisse/Luxembourg 2021, 85 minutes; Berlinale, LuxFilmFest 2021.
En pleine crise de la quarantaine, Sacha quitte sa petite amie et s’enfuit dans l’appartement de ses grands-parents. Il se retrouve obligé de le partager avec Marjan, une Iranienne, en pleine crise conjugale. Tous deux sont agacés de devoir partager leur logement et, plutôt que de s’apaiser, la tension monte entre eux. C’est lorsque Mina, une joyeuse Américaine, les rejoint que l’atmosphère se détend et passe lentement des préjugés mutuels à la curiosité. Finalement, cette rencontre involontaire ouvre de nouvelles opportunités…
La collaboration entre la scénariste iranienne Nasim Ahmadpour et le cinéaste suisse Romed Wyder a donné naissance à un film d’auteur décalé et chaleureux. L’histoire parle de la rencontre entre Sacha et Marjan, deux individus que tout sépare, qui pourtant se retrouvent dans un moment de vie similaire. Leur remise en question les relie, indépendante de toute culture, comme les malentendus, les préjugés et l’humour. L’appartement qu’ils partagent, à l’esthétique figée dans les années 1960, symbolise une sorte de salle d’attente d’une nouvelle vie. Les auteurs jouent subtilement avec différents niveaux de réalité, des personnages secondaires oniriques et d’autres éléments poétiques. Des situations ou des allusions à première vue insignifiantes acquièrent un sens au cours de l’histoire. (Site web du film)
DIE BIENE MAJA – DAS GEHEIME KÖNIGREICH
Digitaler Animationsfilm; Regie: Noel Cleary, Alex Stadermann; Drehbuch: Fin Edquist; Musik: Ute Engelhardt; Deutschland/Australien 2022, 88 Minuten.
Als Maja (Stimme: Theresa Zertani) als erste Biene ihres Volkes aus dem Winterschlaf erwacht, erwartet sie erstmal nur gähnende Langeweile, schließlich schlafen alle anderen noch. Doch ein neues Abenteuer lässt nicht lange auf sich warten, denn Maja und Willi (Jan Delay) wird von einer verletzten Ameise eine geheimnisvolle goldene Kugel anvertraut, die sie nun zu einem weit entfernten Ameisenbau bringen sollen. Was die beiden jedoch nicht wissen: Die Kugel ist gar keine Kugel, sondern ein Ei, aus dem bald eine Ameisenprinzessin schlüpft, von der das Überleben der Ameisen abhängt. Maja und Willi sind ein weiteres Mal gefordert, schließlich müssen sie auf dem Weg zum Ameisenvolk nicht nur zahlreiche Abenteuer bestehen, sie werden auch in den Konflikt mit den fiesen Krachkäfern um deren Anführer Bombulus (Sasha) verwickelt und müssen sich um ein Baby kümmern, was Willi jedoch mit Bravour meistert…
LuxFilmFestlab Séance unique 6.5. à 19h30 Utopia
AYA
Drame; Réalisateur, scénariste: Simon Coulibaly Gillard; aevc Marie-Josée Kokora, Patricia Egnabayou, Juinoopr Asse; Directeur/Photo: Simon Coulibaly Gillard; France/Belgique 2021, 90 minutes; ACID Cannes 2021.
Aya grandit avec sa mère sur l’île de Lahou. Joyeuse et insouciante, elle aime cueillir des noix de coco et dormir sur le sable. Pourtant, son paradis est voué à disparaître sous les eaux. Alors que les vagues menacent sa maison, Aya fait un choix : la mer peut bien monter, elle ne quittera pas son île…
Le premier long métrage de Simon Coulibaly Gillard convainc tant par la contagieuse vitalité d’Aya, que par la beauté de l’image, le souffle de l’océan, un océan aussi versatile que volubile, qui semble murmurer à l’oreille des habitants. Un océan démiurge, qui se charge de réécrire leur destin. Une beauté formelle quand on sait que le film a été tourné avec une micro-équipe, ce que jamais on ne devine à l’écran. Le réalisateur assure l’image, le son, la continuité, et la direction artistique, tandis que deux assistants réalisateurs assurent les traductions comme les contacts avec les habitants de l’île, acteurs amateurs rejouant leur présent. Tout comme la mer, antagoniste principal du récit, les paysages s’inscrivent dans le récit, racontent leurs grandes et petites histoires. (Aurore Engelen/Cineuropa)